L’art du faux en une leçon

Manipulations et pastiches à Genève

Le Journal des Arts

Le 18 avril 1997 - 371 mots

Le Musée d’art et d’histoire de Genève propose une exposition de faux tableaux inspirés de la Renaissance italienne, entrés dans les collection du musée suisse à la faveur d’anciennes donations. L’étude de ces contrefaçons devrait intéresser nombre de particuliers et d’institutions, eux-mêmes dépositaires de telles falsifications…

GENÈVE. Les deux cents tableaux du département de Peinture italienne du Musée d’art et d’histoire de Genève ont fait l’objet d’un catalogue raisonné en 1979. Une trentaine de faux ont alors été identifiés, pour la plupart inspirés d’œuvres des XIVe et XVe siècles. Par "faux", l’on entend la production d’œuvres et d’objets d’art dans l’intention de tromper l’acheteur, telle qu’elle était pratiquée en l’occurrence dans certains ateliers de peinture florentins et siennois de la fin du XIXe siècle jusqu’au début de ce siècle. Destinés principalement aux collectionneurs étrangers, ces faux "n’ont rien à voir avec des copies d’époque ou postérieures aux modèles, produites pour des raisons de diffusion ou dans un esprit de révérence". Cet âge d’or du faux coïncide avec l’explosion du marché de l’art ancien et la mode pour le style médiéval ou Renaissance en matière de décoration.
Dans le but de concilier démar­ches scientifiques et pédagogiques, le musée et l’université de Genève ont travaillé de concert à l’organisation de cette exposition. Grâce au travail d’une vingtaine d’étudiants qui se sont attelés, pour chaque œuvre fausse, à identifier le ou les modèles imités, elle présente les sources iconographiques utilisées par les faussaires (gravures et photographies). Cette recherche constitue non seulement une contribution importante à l’histoire de l’art et à l’historiographie de la Renaissance, mais permet également d’apprécier l’intérêt, voire la fascination, que les amateurs ont éprouvé pour l’art italien au tournant du siècle. Afin de cerner au mieux tous les aspects de l’engouement qu’a connu l’austère et calviniste Genève pour la culture italienne, plusieurs départements du musée ont été associés au projet. Et pour l’occasion, la Fondation Thyssen-Bornemisza de Lugano, le Kunsthaus de Zurich, le Musée Jenisch de Vevey et le Musée historique de Berne ont également consenti des prêts .

L’ART D’IMITER. FALSIFICATIONS, MANIPULATIONS, PASTICHES : IMAGES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE, jusqu’au 28 septembre, Musée d’art et d’histoire, 2 rue Charles-Galland, Genève, tél. 41 22 311 43 40, tlj sauf lundi 10h-17h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : L’art du faux en une leçon

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