Design bambou

Vélo écolo

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 13 octobre 2009 - 635 mots

A l'heure du développement durable à tout-va, il est un matériau qui, dans les pays occidentaux, regagne la confiance : le bambou.

Ses qualités ont d’ailleurs déjà eu l’occasion d’être vantées dans cette chronique à propos d’une élégante passerelle construite dans cette matière et plantée au cœur du Triennale Design Museum, à Milan, par le designer et architecte Michele De Lucchi (lire le JdA n° 272, 4 janvier 2008). Depuis quelques années, cette plante tropicale à croissance rapide fait aussi les beaux jours du rayon « Cycles ». Lorsqu’elle est bien entretenue, sa tige s’avère un excellent matériau de construction, utile pour une variété d’applications, y compris, donc, pour les cadres de vélos. Avantage : la tige de bambou est longue et mince, mais surtout légère et plus résistante que… l’acier. Pas étonnant alors, si les inventeurs de vélocipèdes s’en sont emparés.
L’un des pionniers en la matière est le Brésilien Flavio Deslandes. Dès 1994, alors étudiant à l’université catholique papale de Rio de Janeiro (PUC-Rio), il expérimente la technologie du bambou, puis produit son premier modèle de bicyclette. En 1999, il exhibe comme projet de fin d’études son prototype intitulé N°2, avec lequel il décrochera son diplôme de designer industriel. À la même époque, mais en Californie cette fois, l’Américain Craig Calfee, lui, a déjà la réputation d’être l’un des meilleurs fabricants de cycles des États-Unis. À Santa Cruz où il s’est installé depuis la fin des années 1980 (www.calfeedesign.com), il confectionne des cadres de haute voltige, en fibres de carbone, œuvrant notamment pour le champion Greg LeMond, triple vainqueur du Tour de France. Par jeu d’abord, Craig Calfee s’amuse à remplacer les tubes en carbone par du bambou. La graminée résiste tant et si bien que l’inventeur passe au braquet supérieur et lance, en 2005, le Bambou Bike. Il travaille aujourd’hui sur un projet de vélo en bambou à très bas coût destiné au Ghana, pays où cette matière première pousse en abondance.

Dans la roue du Danemark
Le dernier pays en pointe dans le domaine n’est autre que le… Danemark. Un signe : Flavio Deslandes s’y est installé en 2000, et a ouvert son agence à Copenhague (www.flaviodeslandes.com). L’an passé, il a décroché, pour ses engins, une certification européenne (EN14764) et finalisé un modèle dont le cadre est en bambou et le reste des pièces en aluminium ou en matériaux composites. Baptisé BambooCity, l’objet est « fait main » et vendu à partir de 3 800 euros. Cette expertise ès bambou, Flavio Deslandes en a également usé comme consultant, dès 2001, notamment en collaborant avec la firme danoise Biomega (www.biomega.dk), spécialiste du vélo haut de gamme (lire le JdA n° 156, 11 octobre 2002), et le designer gallois Ross Lovegrove. À 51 ans, ce dernier, qui se rêve davantage en evolutionary biologist (biologiste évolutionnaire) qu’en designer, est d’ailleurs devenu un as du mariage de la carpe et du lapin. En clair, de l’alliance entre nature et haute technologie. Ainsi en a-t-il été de ce projet avec Biomega, qui mélange le bambou et l’aluminium. Nom de code initial : RL01 ou, plus vendeur, Biolove (contraction de Biomega et Lovegrove). Huit ans ont été nécessaires pour finaliser cette bicyclette haut de gamme, fabriquée à la main au Danemark. Dévoilée en avril dernier à Milan, en marge du Salon du meuble et en « première mondiale », la Bamboo, son nom définitif, réunit tout ce que la technique produit de plus sophistiqué, comme ces raffinés freins à disque ou cet « arbre de transmission » intégré qui remplace l’antédiluvienne chaîne – qui, par la même occasion, empêchera définitivement de maculer ses vêtements de graisse. Poids de la bête : 17 kilos environ. Reste que le bambou a un coût. Prix du vélo : 4 563 euros. Ce qui s’apparente aussi à un coup… de bambou !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°311 du 16 octobre 2009, avec le titre suivant : Vélo écolo

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