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Tous à Cergy

La ville abritera les réserves des grands musées parisiens

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 13 octobre 2009 - 629 mots

CERGY-PONTOISE - L’annonce est tombée le 6 octobre : le site de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) a été choisi par le ministère de la Culture pour accueillir le futur Centre national de conservation, de restauration et de recherche patrimoniales en Île-de-France.

Le projet tenait en haleine, depuis plusieurs mois, les différentes collectivités candidates pour construire cette structure de 70 000 mètres carrés destinée à abriter, d’ici à 2013, les réserves, inondables, des grands musées parisiens, le Louvre en tête, mais aussi Orsay, l’Orangerie ou l’École nationale supérieure des beaux-arts. Une quinzaine de collectivités s’étaient proposées en juillet 2008 et elles n’étaient plus que trois sur les rangs : Cergy-Pontoise, Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et Nanterre (Hauts-de-Seine). À l’annonce des résultats, la réaction des deux candidats malheureux ne s’est pas fait attendre. À Nanterre, le maire PCF Patrick Jarry a estimé que « dès le départ, les dés étaient pipés », tandis que le sénateur-maire PS de Neuilly-sur-Marne, Jacques Mehas, a dénoncé une manœuvre politique, affirmant que « Frédéric Mitterrand, qui apportait son soutien au site de Neuilly-sur-Marne, a été obligé de suivre la décision du président de la République qui a choisi unilatéralement Cergy », et exigeant des explications.

Montage financier en cours
« La ville de Cergy répondait à tous les critères essentiels : l’accessibilité du lieu [Cergy est à moins de 30 kilomètres de Paris], une motivation très forte de la collectivité et ses partenaires, et la mise à disposition d’un terrain vierge où il est donc très facile de construire », explique-t-on Rue de Valois. « Alors qu’à Neuilly-sur-Marne il fallait préserver un patrimoine bâti, Cergy était le lieu le moins contraignant. C’est aussi la commune où le foncier est le moins cher. Le lien avec les universités [le pôle de recherche et d’enseignement supérieur baptisé « Cergy University »] et la volonté de faire de ce centre un lieu accessible au public ont constitué autant d’éléments décisifs », ajoute Hervé Barbaret, administrateur général du Musée du Louvre, qui chapeaute le projet. Quant au montage financier, rien n’est encore arrêté. Le résultat final se situe quelque part entre la loi MOP (relative à la maîtrise d’ouvrage publique) et un partenariat classique public-privé. Le fonds levé par le Louvre-Abou Dhabi devrait financer une partie du projet, mais reste à savoir à quelle hauteur… Censée s’achever en 2013, la construction du centre devrait coûter 200 millions d’euros, dont moins de 20 % apportés par la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise avec l’appui du département du Val-d’Oise, et, comme l’espère le maire PS de Cergy, Dominique Lefebvre, la région Île-de-France.
Outre les réglages financiers, la direction des Musées de France et le Musée du Louvre devront se pencher sur l’autre versant de ce grand centre de réserves, également lieu de recherche et de restauration. Si l’arrivée prochaine du département Restauration de l’Institut national du patrimoine est acquise, rien en revanche n’est réglé du côté du Centre de restauration et de recherche des musées de France, dont les personnels s’étaient déclarés franchement hostiles à quitter les espaces du pavillon de Flore du palais du Louvre (lire le JdA n° 294, 9 janvier 2009, p. 3). Le ton a indéniablement changé Rue de Valois et la prudence est désormais de mise lorsqu’il s’agit d’aborder la très sensible question de la mobilité : « Le choix du site est l’élément structurant du centre, maintenant nous allons sérieusement pouvoir envisager les choses. » Même son de cloche au Louvre, où Hervé Barbaret déclare : « Nous pouvons enfin travailler sur la réalité du projet avec l’ensemble des salariés, agents restaurateurs, chercheurs, mais il est évident que tout le monde ne sera pas du même avis. » Alors que les travaux vont démarrer à Cergy, le projet scientifique est loin d’être bouclé, donnant l’étrange impression d’un programme monté à rebours.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°311 du 16 octobre 2009, avec le titre suivant : Tous à Cergy

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