New Deal à Chicago

Emmerich/Sotheby’s trouble-fête ou rénovateur ?

Le Journal des Arts

Le 2 mai 1997 - 610 mots

Plus de deux cents galeries, dont une vingtaine d’exposants français, vont se retrouver du 9 au 12 mai pour la Foire d’art contemporain de Chicago. La manifestation s’ouvre alors que Thomas Blackman, son directeur, vient de démissionner de l’Icafa.

CHICAGO - Les résultats enregistrés l’année dernière  – estimés à près de 25 millions de dollars (145 millions de francs) – en cinq jours d’intense activité commerciale ont assis la réputation de la Foire de Chicago. Un ensemble de pièces de qualité avait offert une véritable rétrospective des grandes tendances artistiques des trente dernières années. Cette reconnaissance internationale a été confirmée par la présence de Thomas Blackman, en juin dernier, parmi les membres fondateurs de l’International Contemporary Art Fair Association (Icafa) aux côtés des organisateurs d’Art Basel, de la Fiac, d’Art Cologne et de l’Arco. Déterminée à assurer qualité et respectabilité parmi ses membres, l’Icafa se veut un organisme régulateur, cherchant à éviter tout aspect outrageusement commercial et apportant son soutien aux galeries. Les maisons de vente en sont exclues. Cependant, avec l’acquisition par Sotheby’s de la galerie new-yorkaise Andre Emmerich et la fusion l’an dernier de la Pace Gallery américaine avec Wilden­stein à Londres, les stratégies internationales sont aujourd’hui considérées comme essentielles pour la survie des galeries d’art contemporain. Leur organisation traditionnelle, telle que l’entend l’Icafa, est donc mise à rude épreuve. Malgré l’affiliation d’Emmerich à Sotheby’s, Black­man s’est battu pour conserver la participation à la foire de l’un des plus importants protagonistes du marché, qui représente David Hockney, An­thony Caro, Hans Hofmann, Morris Louis et Keith Haring. "Mon programme n’a pas changé", remarque Em­merich. Lorsqu’on lui demande s’il pense que les organisateurs des foires européennes assoupliront bientôt leurs conditions de participation, il affirme qu’il est "tout à fait optimiste. Je pense que la raison finira par l’emporter."

Devant le refus de l’Icafa d’accepter Emmerich à la foire, Blackman a aussitôt démissionné de l’association. La galerie Andre Em­merich se trouve aujourd’hui presque en tête de liste des exposants new-yorkais d’Art 1997 Chicago, Sotheby’s sponsorisant de son côté, dans le cadre des manifestations organisées autour de la foire, un colloque sur "L’influence d’Andy Warhol sur l’art contemporain" réunissant Robert Rosenblum, de l’université de New York, Vincent Freemont, de la Fondation Andy Warhol, et l’artiste Deborah Kass. Sur les deux cent douze galeries inscrites à Art 1997 Chicago, quarante-huit viennent de New York, ce qui est largement supérieur au nombre de marchands de Man­hattan qui participent à la foire new-yorkaise organisée par l’Art Dealers Association of America. Roland Augustine, de la galerie Luhring Augustine, déclare que sa participation à la foire de Chicago est motivée par un regain d’activité sur le marché de l’art ainsi que par son désir de prendre position en faveur des artistes de sa galerie. "Chicago attire un large public de collectionneurs potentiels. Avec l’ouverture de l’extension du Musée d’art contemporain, en juin dernier, il est certain que la connaissance et l’appréciation de l’art contemporain vont se développer", souligne-t-il. Cette année, le nombre d’exposants étrangers est proche de la centaine, la Foire de Chicago étant le seul salon d’art américain avec une aussi forte présence internationale. Comme en 1996, une vingtaine galeries feront le voyage depuis Paris : Chantal Crousel, Jen­nifer Flay, Ghislaine Husse­not, Gabrielle Maubrie, Meyer-Bugel Fine Art, Nelson, Obadia, Perrotin, Praz-Delavallade, Putman, Almine Rech, Thad­daeus Ropac, Daniel Templon, Georges-Philippe Val­lois, Michel Vidal, Anne de Villepoix, les galeries des Archives, de France, du Jour Agnès B. et 1900-2000. Certaines bénéficieront d’une aide publique française. Vétéran de la foire, le Parisien Philip Nelson a enregistré l’an dernier des ventes dépassant ses espérances. Parmi les nouveaux venus, signalons Taka Ishii (Tokyo), El Museo (Bogota), et Jiri Svestka (République tchèque).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°37 du 2 mai 1997, avec le titre suivant : New Deal à Chicago

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque