Changement de quartier

Une génération d’artistes hébergée par la Fondation Cartier

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 2 mai 1997 - 379 mots

PARIS

Alain Séchas, qui a représenté la France à la XIIIe Biennale de São Paulo (Brésil), l’an dernier, expose avenue Raspail à l’invitation de la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Simultanément, André Magnin, bénéficiant d’une carte blanche, réunit quatorze artistes, presque tous trentenaires, pour \"Coïncidences\".

PARIS. Alors que l’on reproche souvent aux institutions françaises de ne pas soutenir assez les artistes hexagonaux, et qu’il faille une invitation à la Documenta pour que le Musée d’art moderne de la Ville de Paris se décide in extremis à montrer le travail de Jean-Luc Moulène, la Fondation Cartier pour l’art contemporain propose de découvrir un ensemble d’œu­vres nouvelles d’artistes français trentenaires, déjà présents sur la scène internationale mais peu ou pas exposés dans un espace non commercial à Paris. Au rez-de-chaussée de la Fon­dation se déploient des pièces d’Alain Séchas, un artiste atypique dans le monde de l’art actuel. Ces œuvres figuratives, faussement naïves et fortement inspirées par les livres pour enfants ou la bande dessinée, laissent apparaître un humour noir, corrosif, en même temps qu’un certain pessimisme. Papas est ainsi constitué d’un ensemble de squelettes-artistes assis devant leurs propres créations, des portraits naïfs en pied de leur "papa". Cette pièce est symptomatique d’une œuvre qui se livre directement, sans opacité, ni faux intellectualisme. "L’art n’est ni une affaire de spécialistes, ni une affaire de professeurs", déclare l’artiste1. "Si c’est beau, c’est beau pour tout le monde. Art ou pas". En même temps que l’exposition d’Alain Séchas, quatorze artistes se sont approprié le sous-sol de la Fondation Cartier à l’invitation d’André Magnin, qui livre son point de vue sur la création actuelle en France. Les créateurs ont tous réalisé des œuvres spécialement pour l’événement, à l’image des Musiciens, une grande impression numérique qui témoigne des orientations nouvelles de Xavier Veilhan. Aux côtés de Franck Scurti, Michel Blazy, Pierre Bismuth ou Didier Marcel, Pierre Huyghe propose l’une des plus belles pièces de l’exposition : une vidéo qui retrace en quelques minutes l’aventure étonnante de Lucie Dolène, la voix de Blanche Neige.

ALAIN SÉCHAS, COÁ?NCIDENCES, jusqu’au 18 mai, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, 75014 Paris, tél. 01 42 18 56 51, tlj sauf lundi 12h-20h, jeudi 12h-22h. Éditions de 8 cartes postales d’Alain Séchas, 30 F. Catalogue "Coïncidences", 64 p., 100 F.

1. Art Press, n° 212, avril 1996, p. 32

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°37 du 2 mai 1997, avec le titre suivant : Changement de quartier

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