Detroit accueille, avant Baltimore, la plus importante exposition d’ivoires médiévaux jamais présentée aux États-Unis, riche d’une centaine de pièces liturgiques et d’objets domestiques aux décors polychromes évanouis.
DÉTROIT. Bien qu’il soit difficile à notre époque de vanter la beauté de l’ivoire, il n’est pas interdit de rappeler son extraordinaire pouvoir d’attraction tout au long de l’histoire, notamment dans l’Europe des XIIIe et XIVe siècles. C’est ce que propose d’évoquer le Detroit Institute of Art, qui possède sans doute l’une des collections d’ivoires les plus importantes des États-Unis avec celles du Metropolitan Museum de New York et de la Walters Art Gallery de Baltimore, où l’exposition "Images en ivoire : objets précieux de l’âge gothique" est ultérieurement attendue. Celle-ci regroupe une centaine d’objets liturgiques – principalement des petits panneaux d’autel et des diptyques – et domestiques – peignes, montures de miroirs, pièces de jeux d’échecs, ainsi qu’un remarquable écritoire accompagné de son stylet et de son étui en cuir. L’exposition explique pourquoi l’ivoire a connu une telle faveur au Moyen Âge et comment cet engouement est retombé par la suite. "Les défenses d’éléphant étaient acheminées d’Afrique en Europe par voie terrestre, le long de la côte Est du continent, puis par voie maritime, à partir de la Mer rouge, où elles étaient vendues à des marchands arabes qui les expédiaient à Marseille via l’Égypte et la Méditerranée. L’ivoire brut était alors envoyé à Paris, principal centre de sculpture sur ivoire d’Europe, quoique de très bons ivoiriers exerçaient leur talent à Venise, Utrecht et Cologne", explique M. Barnet, conservateur associé au département de Sculpture et d’Arts décoratifs européens du Detroit Institute. "Peu de gens savent que la plupart des ivoires étaient à l’origine ornés de décorations polychromes, généralement rouge, bleu et or, poursuit ce dernier. Cela est notamment dû au fait qu’aux XVIIIe et XIXe siècles, le décor de nombreuses pièces a été effacé en raison du goût de l’époque pour le blanc laiteux de l’ivoire naturel." Quelques pièces exposées portent encore les traces de leur splendeur d’antan. Certaines ont été prêtées par le Louvre, telles une représentation de Nicodème et un ange de l’Annonciation.
IMAGES EN IVOIRE : OBJETS PRÉCIEUX DE L’ÂGE GOTHIQUE, jusqu’au 11 mai, Detroit Institute of Art, 5200 Woodward Avenue, Detroit, tél. 1 313 833 7900, tlj sauf lundi, mardi et JF 11h-16h, samedi et dimanche 11h-17h. Du 22 juin au 31 août, à la Walters Art Gallery de Baltimore.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’ivoire triomphe à Detroit
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°37 du 2 mai 1997, avec le titre suivant : L’ivoire triomphe à Detroit