Kapoor en découd avec Armani

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 2 mai 1997 - 367 mots

Un différend oppose le sculpteur anglais Anish Kapoor, invité du pavillon britannique à la Biennale de Venise 1990 et lauréat du Turner Prize (1991), au couturier Giorgio Armani. Dans un défilé de mode à Milan, ce dernier a inclus, selon Kapoor, des “copies extrêmement pauvres”? de ses œuvres, dont un pastiche de Angel (1990), une sculpture en ardoise en sept parties revêtue d’une couche de pigment bleu en poudre. Ce désaccord illustre un des aspects de la complexité des relations qu’entretiennent l’art et le luxe, sujet de notre section Vernissage.

LONDRES (de notre correspondant). Bien que Giorgio Armani ait écrit à Anish Kapoor pour lui exprimer son admiration et l’inviter à assister à son défilé, à Milan, il ne lui a jamais demandé la permission d’utiliser ses œuvres pour la promotion de sa nouvelle collection. Kapoor a adressé à Armani une lettre l’accusant de plagiat, mais le styliste s’est défendu en déclarant avoir voulu lui rendre hommage. Les choses auraient pu en rester là si la chaîne de télévision CNN n’avait pas filmé le défilé et donné l’impression que le décor était dû à une collaboration entre l’artiste et le couturier. Anish Kapoor a demandé à l’avocat new-yorkais Michael Stout, qui a compté Salvador Dali parmi ses clients et s’occupe également de la gestion des successions Robert Mapple­thorpe, Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Donald Judd…, d’obtenir une compensation. “C’est une réclamation justifiée”, a déclaré l’avocat. Les lois concernant les droits de reproduction ont changé si rapidement que les stylistes ne sont peut-être pas informés de leurs nouvelles obligations. Pour Michael Stout, “pendant les années quatre-vingt, la plupart des célébrités étaient des artistes, des stars du rock qui animaient les restaurants et alimentaient les chroniques. Maintenant, ce rôle a été repris par la mode, et les stylistes se comportent comme des artistes. Mais si, dans la mode, il est flatteur d’être imité, ça ne l’est pas dans le milieu artistique.” Ce n’est pas la première infraction du genre. Calvin Klein, par exemple,  a collaboré avec Dan Flavin pour l’illumination de sa nouvelle boutique sur Madison Avenue, mais il a employé dans une publicité des meubles de Donald Judd, sans en demander l’autorisation aux propriétaires du droit moral de l’artiste.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°37 du 2 mai 1997, avec le titre suivant : Kapoor en découd avec Armani

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