Getty Provenance Index : l’Europe passée au crible

Un outil de recherche informatique pour retracer le passé d’une œuvre

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 16 mai 1997 - 429 mots

Le Getty Provenance Index est un projet ambitieux qui prévoit d’extraire des archives du monde occidental les informations relatives au domaine de l’art. L’idée remonte à 1982, lorsque Burton Fredericksen a commencé à rassembler des données sur l’histoire du goût et des collections.

SANTA MONICA. Dès le départ, le Provenance Index a été présenté sous la forme d’un projet informatisé. Intitulé Documents for the History of Collecting, un cédérom a été édité récemment. Il comporte 55 000 entrées relatives aux inventaires italiens, 33 000 pour les Pays-Bas et 16 900 pour l’Espagne, ainsi que la liste exhaustive des toiles figurant dans les catalogues de vente anglais, français et hollandais entre 1801 et 1825. Les documents sont dans leur langue d’origine, avec une sélection par pays, propriétaires, artistes, titres des œuvres, etc. Le produit initial est assez onéreux puisqu’il coûte 900 dollars, mais les mises à jour, prévues tous les deux ans, seront d’un prix beaucoup plus abordable. Les données sont recueillies sur place, dans chaque pays concer­né. Parmi ses nombreuses tâches, le directeur du projet Burton Fredericksen a aussi celle de parcourir l’Europe en tous sens afin de convaincre les archivistes. Ceux-ci doivent s’employer à répertorier tous les inventaires de beaux-arts (les arts décoratifs ne sont catalogués que dans les cas les plus exceptionnels, comme les Inven­taires Colonna de 1611-1795, publiés l’année dernière seulement). Il leur reste alors à saisir ces données sur un logiciel fourni par le Getty et à renvoyer le tout en Californie. Là, une équipe de huit personnes dresse l’inventaire de tout le matériel reçu et le vérifie, en établissant les critères d’uniformisation des noms ("Poussin" pour "Puccino", par exemple). Comment utiliser cet immense matériel informatique ? Burton Fredericksen souligne que, grâce aux informations contenues dans les banques de données, il a été possible de reconstituer l’histoire la plus reculée de centaines de toiles conservées dans les musées européens et américains. Pierre Rosenberg, président-directeur général du Louvre, les a utilisées pour établir quelles œuvres des frères Le Nain avaient été cataloguées au cours des siècles et sous quels titres. Les inventaires constituent en outre une mine d’informations sur la vie quotidienne des collectionneurs ou des simples citoyens du passé. Le seul vrai problème potentiel du projet – dont le coût n’a pas été rendu public par le Getty – est que sa fiabilité dépend entièrement de la précision des informations fournies par les archivistes. Un archiviste inattentif pourrait fort bien omettre des parts importantes de documentation sans que le Getty en ait connaissance, le prestige de son nom étant alors attaché à des informations incomplètes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°38 du 16 mai 1997, avec le titre suivant : Getty Provenance Index : l’Europe passée au crible

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