La tasse de thé de Londres

La céramique orientale attire les collectionneurs

Le Journal des Arts

Le 30 mai 1997 - 677 mots

De la céramique chinoise antique à la poterie moderne, sans oublier les créations de verre, la Foire internationale de la Céramique (International Ceramics Fair) a la réputation d’être une manifestation de qualité. Elle réunira cette année 41 exposants au Park Lane Hotel de Picadilly, à Londres, du 13 au 16 juin. Environ 7 500 visiteurs sont attendus, un chiffre relativement restreint, mais les exposants attendent leurs habituels clients internationaux ainsi qu’un nombre impressionnant de conservateurs de musées du monde entier.

LONDRES. Si les manufactures anglaises sont à l’évidence les mieux représentées, il y a également un choix remarquable de porcelaines orientales et européennes les plus diverses. Dans la section anglaise, Jonathan Horne, spécialiste des pièces anciennes glacées au sel et des faïences de Delft, présente notamment deux chopes en grès, dont la plus haute porte les armes de George II. Chez Albert Amor est exposée une paire de vases de la manufacture de Limehouse, à Londres, demeurée très peu de temps en activité. Ces vases, dans le style chinois, sont peut-être les pièces les plus remarquables jamais identifiées de cette fabrique. À l’opposé, Adrian Sassoon propose des céramiques contemporaines qui séduisent particulièrement les collectionneurs d’art oriental, et dont les prix, plus accessibles, peuvent attirer les conservateurs de musées. Son autre passion est la porcelaine française du XVIIIe siècle, représentée par une sélection de pièces de Vincennes et de Sèvres. Nouveau venu très bien accueilli à la foire, Kunsthandel Dr. Holz exposera des porcelaines de Meissen, dont un rare pichet peint daté de 1730-1735, avec un remarquable décor "à l’écureuil volant", adapté des porcelaines de Nankin du XVIIe siècle. L’Asian Art Fair de New York a remporté un immense succès cette année, et les marchands britanniques espèrent que les collectionneurs américains et extrême-orientaux feront le voyage de Londres, en juin. Selon John Berwald, "la place de Londres est encore la première au monde, avec des contacts internationaux tissés depuis des générations", et la plus grande concentration de spécialistes de haut niveau qui dénichent des objets dans le monde entier. "Avec trois grandes foires et les ventes d’art d’Extrême-Orient, c’est Londres en juin, et non New York en avril, qui demeure le principal centre d’intérêt de l’année pour les collectionneurs d’art oriental." Clemens Vanderven partage cette opinion : "Les Américains aiment suivre les tendances nouvelles et, de nos jours, l’art oriental est à la mode. Demain, ils s’intéresseront à autre chose. Ils ont aussi eu la grande chance de bénéficier de quelques ventes qui ont fait date, l’an passé. Mais ces collections importantes, constituées chacune par un seul amateur, ne doivent rien au marché américain. Elles ont été rassemblées à Hongkong et dispersées avant que le territoire ne revienne à la Chine."

L’Extrême-Orient, grand marché de l’avenir
Tous semblent cependant convenir que la Chine est le grand marché de l’avenir. Vanderven l’affirme : "Je ne doute pas que le goût chinois évolue vers les porcelaines anciennes. Il existe maintenant en Chine tant de nouveaux musées qui exposent des œuvres provenant de fouilles que cette évolution du goût n’est plus qu’une question de temps". John Berwald estime que les Chinois vont se mettre à collectionner autre chose que les pièces d’époque impériale et s’intéresser aux périodes de transition. "Les Chinois fortunés ne seront pas les seuls à collectionner tous les styles d’art oriental, il y aura également des gens venant de tous les horizons ." La section orientale s’est encore enrichie cette année de la présence de La Galliavola Antichita, de Milan, second marchand italien à participer au salon. M. Tassara constate : "Le marché de l’art d’Extrême-Orient est devenu tellement important aux  États-Unis que nous aurions sans doute mieux fait d’exposer à l’Asian Art Fair de New York, mais la Foire de la céramique de Londres nous offre une excellente occasion de mieux nous faire connaître en Europe." La pièce maîtresse de son stand est une tuile de toit vernissée extrêmement rare, datée de 1597. Haute de 1,4 m, elle représente deux dragons se disputant une perle, et le palais impérial d’où elle provient a même pu être identifié.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : La tasse de thé de Londres

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