Ventes aux enchères

Les maisons de vente se ruent sur l’or californien

Christie’s rejoint Butterfield & Butterfield à Los Angeles, capitale du show business

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 30 mai 1997 - 831 mots

L’installation de Christie’s dans un nouvel espace créé dans le centre commerçant de Beverly Hills va intensifier la compétition entre maisons de vente en Californie. Présente à Los Angeles depuis un siècle, Butterfield & Butterfield demeure la plus ancienne et la plus importante de la région. Du côté des galeries, PaceWildestein et Gagosian tiennent le haut du pavé, tandis que le Getty Center est devenu un lieu incontournable à Malibu Hill.

LOS ANGELES. L’architecture du nouvel espace de Christie’s, situé sur North Camden Drive, évoque "l’expansion optimiste de la Californie du début des années vingt et trente." Christie’s et Sotheby’s espèrent que les achats en ventes publiques deviendront monnaie courrante à Los Angeles, tel le shopping à Beverly Hills. "L.A." est en effet la deuxième grande ville des États-Unis, et son économie est en forte croissance après une récession de sept ans. Ici, le monde du show-business, qui concentre la plus grande richesse, a traversé la crise sans grand dommage, et les fortunes qui se sont faites dans la musique et le cinéma sont maintenant en concurrence avec celles des millionnaires enrichis depuis peu grâce à un florissant marché des valeurs. S’y ajoutent les nouveaux immigrants "cousus d’or" de Hongkong et Taïwan. Les projets des maisons de vente semblent pourtant sans préten­tion : il s’agit essentiellement pour elles du développement d’activités existantes. Des ventes aux enchères de bijoux ont lieu depuis longtemps à Los Angeles, et leur nombre va augmenter, indiquent les représentants de Sotheby’s et Christie’s, qui ont également l’intention de vendre des affiches de films et des objets de collection liés au 7e Art. Christie’s souhaite accroître ses ventes de voitures de collection à Pebble Beach, une petite station résidentielle de la côte, et envisage de se lancer dans les ventes de vin, dont s’occupe déjà Sotheby’s à Los Angeles.

Une concurrence stimulante
L’art d’Extrême-Orient pourrait être un autre secteur d’expansion, dans la mesure où les ressortissants asiatiques sont de plus en plus nombreux en Californie. Cependant, d’après des sources internes, le développement du marché asiatique y sera progressif, pour ne pas nuire au bureau de Hongkong. Los Angeles pourrait alors servir de position de repli en cas de crise politique imprévue à Hongkong. Ancien "auctionneer" chez Chris­tie’s, aujourd’hui à la tête du bureau de Butterfield & Butterfield à Los Angeles, Brian Cole se déclare ravi de cette concurrence stimulante. "Los Angeles deviendra un centre de ventes aux enchères encore plus important et chez Butterfield & Butterfield, nous sommes impatients d’y prendre part." Les professionnels des maisons de vente espèrent que leur présence à Los Angeles décidera les grandes galeries à venir s’y installer. Depuis environ deux ans, le monde de l’art est marqué par la prédominance de Hollywood, avec en particulier deux galeries de renom : PaceWildenstein et Gagosian. En 1996, PaceWildenstein a ouvert une galerie à Beverly Hills, tout près des boutiques très courues de Rodeo Drive. Le lieu, spacieux, épuré et doté d’un éclairage subtil, a été conçu par Robert Gwathmey, qui vient de rénover le Guggen­heim. Au même moment, Larry Gagosian, autre grand marchand d’art new-yorkais, inaugurait lui aussi une galerie à Beverly Hills. Sur la côte, à Santa Monica, qui rassemble un grand nombre de galeries d’art de la région, s’est ouvert Bergamot Station, sorte de zone piétonne consacrée à l’art. Une vingtaine de galeries des plus connues et des plus anciennes de la ville ainsi que de nouveaux espaces se partagent une impasse historique, sur l’emplacement d’une gare du début du siècle.

Le Getty Center de Malibu
Dans le domaine public, les événements de ces deux dernières années ont été la construction du Getty Center à Malibu Hills – qui a coûté une somme considérable et se propose d’être à la fois musée, centre de recherche et espace d’exposition d’envergure internationale, dès son ouverture prévue à l’hiver 1998 – et la rénovation de l’espace d’avant-garde "The Temporary Contemporary" du Los Angeles Museum of Contemporary Art, conçu par Frank Gehry, destiné aux performances et autres manifestations d’art conceptuel. Tous deux solidement établis sur la côte Est, PaceWildenstein et Gagosian ont orienté l’activité de leurs galeries vers le marché plus risqué et moins réceptif à l’art de la côte Ouest, en se fiant sans doute à leur habileté pour attirer la clientèle des grands de Hollywood, qui a de l’argent à dépenser mais guère de temps et encore moins de connaissances en art. "La notion du nouvel acheteur béotien de Hollywood, qui suit à la lettre ce qu’on lui conseille et achète ce qui est à la mode, n’a rien à voir avec la réalité", relève cependant Robert Shapa­zian, directeur de la galerie Gagosian de Los Angeles. "Nos collec­tionneurs sont des hom­mes d’affaires avertis, des gens connus dotés d’une culture visuelle, qui savent exactement ce qu’ils veulent ou ce qui leur plaît. Pace et Gagosian leur permettent d’accéder à l’art ; c’est une stimulation, tout comme le nouveau Getty ou les activités pédagogiques organisées par les autres bonnes galeries ou les musées de la région."

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : Les maisons de vente se ruent sur l’or californien

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