Un cénacle britannique

La plus \"anglocentrique\" des foires d’antiquités

Le Journal des Arts

Le 30 mai 1997 - 544 mots

La Foire des antiquaires de Grosvenor House, un des temps forts de la belle saison, réunit du 12 au 21 juin quatre-vingt-six exposants, dont 14 étrangers. Cette manifestation étroitement britannique a commencé à s’ouvrir sur le plan international depuis 1990. Plus restreinte que Maastricht, cette foire implantée au cœur du West End de Londres a pour spécialités le mobilier anglais, l‘argenterie et les bijoux.

LONDRES - "J’adore Londres. Cependant, il faut bien admettre que la foire de Grosvenor House est très "anglocentrique", estime Clemens Vanderven, l’un des fondateurs de la foire de Maastricht. Elle est dirigée par un petit club de marchands britanniques qui ne souhaitent guère de changement. Les exposants étrangers sont là en guise d’attraction, et très peu d’entre eux restent à long terme. Il suffit de comparer le nombre de visiteurs à Maastricht et Grosvenor House – 56 000 contre 18 750 – pour réaliser que l’avenir du marché des antiquités se jouera dans les grandes foires européennes, établies sur de vraies bases internationales."  Néan­moins, Clemens Vanderven reste fidèle à Grosvernor House, tandis que de grands marchands européens tels que Didier Aaron, Yves Mikaeloff, Ariane Dandois et Kugel n’y participent plus. Placée sous le patronage de la reine mère, la Foire de Grosvenor House ne cache pas son caractère exclusif et aristocratique, ni ses liens étroits avec la haute société britannique. Cette année, parmi les neuf nouveaux venus, la foire accueille la galerie allemande Neuse, Ursus Rare Books de New York, le Portugais Luis Alegra et le marchand parisien Jean Gismondi. Autre participant français, Patrick Perrin y exposera pour la seconde fois, avec une sélection de qualité, dont une superbe commode Louis XVI en acajou.

Vingt-huit des plus grands marchands de mobilier britannique seront présents, ainsi que neuf spécialistes d’argenterie et de joaillerie. Toujours appréciées des Améri­cains, les pièces de provenance aristocratique sont ici en abondance.  L’argenterie classique anglaise est proposée notamment par S.J. Phillips et Bourdon Smith. Dans le domaine de la joaillerie, la galerie Tadema, autre nouvelle venue, présente de belles pièces du XVIIIe siècle et de l’époque victorienne, et des créations Art nouveau. Spink expose des pièces Art déco, dont certaines de Cartier, et des bijoux contemporains, la foire n’imposant plus de limites dans le temps. La peinture ancienne n’est plus le point fort de Grosvenor House, et de nombreux marchands anglais, tels Agnews, Colnaghi ou Spink-Léger, préfèrent désormais exposer à Maastricht et à la Fine Art Fair de New York. Elle est toutefois représentée par Richard Green, Noort­man, David Koetser de Zurich, la galerie Newhouse de New York, et les Néerlandais Johnny van Haeften et Raphaël Vals. La foire accueille traditionnellement une exposition d’objets prêtés par les Collections royales. Cette année, elle commémore "Soixante ans de mécénat royal", dont la reine Mary fut l’initiatrice en 1937, avec notamment de belles pièces d’argenterie confiées par la reine-mère et la reine. Une autre exposition concerne le Victoria & Albert Museum, qui fermera en juillet jusqu’en 2001. Afin de mieux faire connaître son projet de réaménagement – il porte sur un dixième du musée, soit 3 000 m2 –, un ensemble de pièces témoignant de la haute qualité de l’artisanat anglais a été réuni, à l’exemple du cabinet Kimbolton, conçu par Robert Adam vers 1771 pour la duchesse de Manchester.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : Un cénacle britannique

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