Rick Mather marque Londres de son empreinte

L’architecte américain est chargé de rénover trois grands musées de la capitale britannique

Le Journal des Arts

Le 30 mai 1997 - 878 mots

Comment expliquer l’engouement suscité par l’architecte américain Rick Mather auprès des musées britanniques ? Après avoir dessiné quelques-uns des restaurants les plus en vogue à Londres, il s’attaque en effet à la transformation de trois grands musées de la capitale britannique : la Wallace Collection, la Dulwich Picture Gallery et le National Maritime Museum.

LONDRES. Connu des Londo­niens pour avoir conçu plusieurs restaurants minimalistes et élégants, comme le Zen, le Yoshino, ou l’Avenue qui a récemment ouvert ses portes sur St James’s Street, Rick Mather est également chargé de rénover trois musées de Londres : la Wallace Collection, la Dulwich Picture Gallery et le National Maritime Museum. Selon le critique britannique d’architecture Jonathan Glancey, le style de Mather est celui d’un "moderniste radical". Perçu comme un genre limité et minimaliste, le Modernisme lui-même est généralement mal compris, explique Rick Mather. Lorsqu’il commente son approche des bâtiments historiques, l’architecte affirme pouvoir compter sur "un vocabulaire aussi riche que diversifié", sans pour autant laisser la moindre place au compromis. Selon lui, "toute construction doit quelque chose à la ville dans laquelle elle se trouve", et cette prise en compte du contexte doit être au centre de toute réflexion architecturale. Si les responsables des musées apprécient tant le travail de Rick Mather, c’est en grande partie parce qu’il se concentre sur les espaces intérieurs, afin de les organiser de la façon la plus rationnelle tout en exploitant au mieux la lumière naturelle. Nul doute que ses nombreux amis conservateurs, au Royaume-Uni comme aux États-Unis, ne sont pas étrangers à sa connaissance profonde des exigences propres aux musées. Âgé de 59 ans, Rick Mather est originaire de Portland (Oregon), où il a étudié l’architecture, avant d’arriver en Europe dans les années soixante pour étudier l’urbanisme à l’Architects’ Association de Londres, puis l’architecture palladienne à Vicence. Il vit depuis dix-sept ans à Belsize Park, au nord de Londres, dans ce qu’il appelle une maison "à l’envers" : les chambres à coucher sont aux étages inférieurs, tandis que la terrasse sur le toit est aisément accessible depuis la cuisine et le salon. Mather rêve aujourd’hui de construire sa propre maison, en centre ville, afin de donner toute la mesure de son amour pour la lumière naturelle. Son projet consiste en une immense serre entourée de petites pièces disposées en étoile.

Dulwich Picture Gallery
"Le musée a étudié dans le passé plusieurs projets qui, dans l’ensemble, proposaient de doter la galerie d’extensions bien trop visibles. Nous avons donc convenu, avec le directeur et les trustees, que la meilleure approche consistait à ne pas intervenir sur le bâtiment de Soane (sur la gauche) et d’installer les nouvelles installations – restaurant, café, salle polyvalente… – dans un cloître abrité sous verrière qui regroupera la chapelle existante et ses annexes, au nord (sur la droite). Ce nouveau corps de bâtiment sera situé derrière le mur d’entrée et se déploiera autour d’un jardin. Afin que les automobiles n’encombrent plus les abords du musée, un parking sera construit derrière une haute rangée d’arbres. Une allée devrait permettre aux visiteurs de mieux apprécier la façade Ouest du musée conçue par Soane, la partie Est de l’ensemble ayant été construite ultérieurement". Une demande de subvention d’un montant de 8,1 millions de livres (77 millions de francs) a été soumise au Heritage Lottery Fund, qui devrait rendre sa décision vers le mois d’octobre. Le coût total du projet, comprenant la création d’une fondation associée au nouveau bâtiment, s’élève à 10,9 millions de livres (103 millions de francs).

Wallace Collection
La Wallace Collection ne dispose ni d’espaces d’expositions temporaires, ni de salles polyvalentes, ni de café ; l’accès pour les handicapés est problématique et les sous-sols du bâtiment sont dangereusement humides… Comme le grandiose bâtiment qui abrite ses collections est situé sur une île, tout projet d’extension était inconcevable. Rick Mather a donc regroupé les équipements nécessaires à un musée moderne dans les sous-sols et la cour centrale, qui sera recouverte d’une verrière pour abriter un jardin de sculptures et un café. Les deux niveaux communiqueront grâce à deux nouvelles cages d’escaliers permettant au public d’accéder, depuis le rez-de-chaussée, aux nouvelles installations du sous-sol : salles polyvalentes, bibliothèque, salles d’expositions temporaires, conservation, réserves… Le musée restera ouvert au public pendant la durée des travaux, qui devraient débuter au mois de juin 1998 et s’achever le 20 juin 2000, pour le centenaire de l’institution. La Wallace Collection a bénéficié d’une subvention de 7,2 millions de livres (68 millions de francs) émanant du Heritage Lottery Fund. Le coût total des travaux est estimé à 8 millions de livres environ (76 millions de francs).

National Maritime Museum
"Les galeries se déploient dans un bâtiment en U, autour de l’entrée principale en forme d’arc de triomphe. Derrière, se trouvent des salles d’exposition aménagées dans un ancien gymnase victorien, le long duquel sont garées des voitures. Mon projet consiste à supprimer le gymnase afin de créer une vaste cour intérieure recouverte d’une verrière. Les façades rustiques du bâtiment seront ainsi visibles de toute part." Le National Maritime Museum a reçu 11,8 millions de livres (112 millions de francs) du Heritage Lottery Fund pour mener à bien ce projet, dont le coût total est évalué à 19,6 millions de livres (186 millions de francs). Les travaux devraient s’achever en 1999.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : Rick Mather marque Londres de son empreinte

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