Qui a peur de Kupka ?

L’exposition de Dallas porte un regard neuf sur l’artiste

Le Journal des Arts

Le 30 mai 1997 - 422 mots

Partant du constat que Kupka n’est pas reconnu à sa juste valeur, les organisateurs de l’exposition de Dallas affirment leur volonté de réhabiliter l’œuvre de l’artiste mal compris et remettent en cause une approche trop linéaire de l’art moderne.

DALLAS. Les Américains aiment-ils Kupka ? Alors que le peintre, graveur et illustrateur tchèque a eu les honneurs de quatre rétrospectives en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ne lui ont consacré qu’une seule grande exposition en 1979 à New York, au Musée Guggenheim. Le Dallas Museum of Art  a décidé de réparer cette injustice en présentant quelque 100 peintures et travaux sur papier de l’artiste. Parmi les œuvres phares figurent de nombreuses pièces empruntées à la Galerie nationale de Prague et au Centre Georges Pompidou, comme par exemple Printemps cosmique (1911-1923) et Les disques de Newton, étude pour une fugue en deux couleurs (1911-1912). Malheureusement, Amphora, la première peinture abstraite exposée à Paris, au Salon d’Automne de 1912, a dû rester à Prague car son état n’autorisait  pas le voyage. En revanche, les 16 études à la gouache offertes par l’artiste au Museum of Modern Art de New York seront bien au rendez-vous. Le MoMA prête également trois tableaux. En regroupant les œuvres par thèmes, les commissaires de l’exposition ont voulu mettre l’accent sur les différentes recherches de Kupka. Tandis que Malevitch, Kandinsky et Mondrian sont arrivés à l’abstraction en transcendant le monde matériel, Kupka a découvert un répertoire d’images abstraites au sein même de la nature. "Je suis convaincue que son art n’a rien à voir avec l’abstraction, au sens que nous lui donnons habituellement, déclare Dorothy M. Kosinski, conservatrice du département d’Art européen au musée de Dallas. Ce qui l’intéressait, c’était les grandes questions métaphysiques". "Notre but n’est pas seulement de réhabiliter Kupka, ajoute-t-elle. Nous partons de son travail pour réexaminer nos préjugés sur l’art du XXe siècle et l’Abstraction". Jaroslav Andel, directeur du département d’Art moderne et contemporain de la Galerie nationale de Prague et commissaire adjoint de l’exposition de Dallas, bat en brèche l’idée d’une "faiblesse inhérente à l’art" de Kupka. "Si son œuvre a connu une progressive désaffection, c’est parce qu’elle ne trouve pas sa place dans le credo moderniste du développement linéaire de l’art".

PEINDRE L’UNIVERS : FRANTISEK KUPKA, PIONNIER DE L’ABSTRACTION, 1er juin-24 août, Dallas Museum of Art, 1717 North Harwood St., tél. 1 214 922 1200, tlj sf lundi 11h-16h, jeudi 11h-21h, sam.-dim. 11h-17h. Puis, Kunstmuseum de Wolfsburg, 27 septembre 1997-5 janvier 1998 ; Galerie nationale de Prague, 2 février-10 mai 1998.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : Qui a peur de Kupka ?

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque