Musée

Lille rouvre les portes de son Palais des beaux-arts

Les collections du musée sortent de leur réserve

Par Adam Guillaume · Le Journal des Arts

Le 30 mai 1997 - 479 mots

À partir du 8 juin, le public pourra découvrir le nouveau visage du Palais des beaux-arts de Lille, fermé pour travaux depuis 1991. En plus d’une audacieuse extension, le musée a gagné en surfaces d’exposition et présente quantité d’œuvres nouvellement sorties des réserves, notamment au sein de ses trois nouveaux départements : sculpture française du XIXe siècle, Moyen Âge et Renaissance, plans-reliefs.

LILLE. Édifice massif typique du XIXe finissant, le Palais des beaux-arts s’organise classiquement autour d’un vaste atrium, "le cœur, le poumon du musée, rendu plus léger, plus lumineux avec la destruction de l’escalier monumental", explique le conservateur du musée, Arnauld Brejeon de Lavergnée. Le département des Peintures, incontestable point fort des collections, occupe, comme autrefois, la totalité du premier étage. La Descente de Croix de Rubens, les Vieilles et les Jeunes de Goya, le Gobelet d’argent de Chardin, la Médée de Delacroix, le Bélisaire de David, L’après-dînée à Ornans de Courbet… sont désormais exposés dans un double circuit de seize salles lumineuses qui s’enroulent autour de l’atrium. Chacune d’entre elles montre notamment quatre à cinq tableaux nouvellement sorti des réserves, dont beaucoup ont été restaurés et réencadrés. Au rez-de-chaussée, deux galeries de 500 m2 sont consacrées à la sculpture française du XIXe siècle et aux céramiques, deux des trois nouveaux départements créés avec celui des plans-reliefs. Une fois encore, la plupart des cent trente-cinq sculptures exposées dormaient dans les réserves. De Houdon à Bourdelle, en passant par Carpeaux et Rodin, Lille offre désormais un intéressant panorama de plus d’un siècle de sculpture française. La création du département des Céramiques est quant à elle venue se greffer en cours de projet, en réponse à une demande pressante des conservateurs. À l’avenir, trois autres collections sortiront à leur tour des réserves : l’archéologie régionale, les armes et les médailles. Comme les seize plans-reliefs des places fortes de la région déposés en 1987 par l’État, le nouveau département du Moyen Âge et de la Renaissance a été installé au sous-sol, dans les anciennes caves voûtées du palais. Morceau de bravoure de cet ensemble d’objets d’art mosan et des Pays-Bas, de sculptures et de peintures allemandes, espagnoles et italiennes, le bas-relief en marbre de Donatello, Le festin d’Hérode. Après une galerie de liaison où sont exposées quelques pièces archéologiques du bassin méditerranéen, un escalier abrupt amène enfin le visiteur à la nouvelle salle d’exposition temporaire d’une superficie de 700 m2. L’exposition inaugurale, "Dessins italiens", rend hommage au principal donateur du musée, Jean-Baptiste Wicar, dont une grande toile trône au premier étage. En 1834, ce peintre et collectionneur lillois léguait au musée 1 300 feuilles, dont 1 200 dessins italiens, parmi lesquels une série de Raphaël qui font à juste titre l’orgueil du musée.

Palais des beaux-arts, place de la République, Lille, tél. 03 20 06 78 00, tlj sauf mardi 12h-18h, lun. 14h-18h, ven. 12h-20h, entrée 30 F, TR 20 F.

Six ans de travaux
Le plus long chantier de l’histoire récente des musées de France aura finalement coûté 220 millions de francs hors taxes, dont 40 % environ ont été financés par l’État. S’y ajoute un budget de 18 millions de francs pour la restauration des œuvres, dont la moitié a été apporté, par la Direction des Musées de France. Outre le "bâtiment-lame" de 6,5 m de profondeur seulement qui abrite la conservation, l’atelier de restauration, le cabinet des dessins et une cafétéria, les travaux ont permis au musée de s’enrichir d’une libraire-boutique gérée par la Réunion des musées nationaux, d’une bibliothèque d’histoire de l’art et d’ateliers pédagogiques. Quelques mois supplémentaires seront encore nécessaires à l’achèvement des travaux de l’auditorium. La surface d’exposition est passée de 7 000 à 12 000 m2, la surface totale de 17 000 à 22 000 m2. Reste à savoir comment la Ville compte financer le budget de fonctionnement de cet ambitieux équipement culturel, estimé à 24,5 millions de francs par an, contre 17 millions avant rénovation.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : Lille rouvre les portes de son Palais des beaux-arts

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