Rodolphe de Prague

L’heure de gloire de la capitale tchèque

Le Journal des Arts

Le 13 juin 1997 - 447 mots

Prague accueille cet été une grande partie des trésors rassemblés au XVIe siècle par l’empereur Rodolphe II, protecteur des arts et des sciences. Deux mille œuvres seront exposées dans différents lieux de la capitale tchèque jusqu’au 7 septembre.

PRAGUE. Les demandes de prêts adressées aux Suédois pour les expositions consacrées à Rodolphe II à travers Prague ont mis les Scandinaves dans l’embarras : il y a trois cent cinquante ans, en 1648, après avoir pillé la ville sur l’ordre de la reine Christine, ils avaient en effet rapporté à Stock­holm la presque totalité des trésors artistiques de l’empereur allemand. Les questions de restitution étant plus que jamais sensibles, la Suède craignait qu’à l’issue de l’exposition, les Tchèques ne leur confisquent les objets prêtés. Elle a donc demandé, et obtenu, des garanties écrites du gouvernement tchèque afin que tout lui soit rendu. De son côté, le prince de Liechtenstein a refusé de prêter ses œuvres, en signe de protestation contre la confiscation, après la Première Guerre mondiale, des propriétés de sa famille à Valtice et à Feltrice (Moravie du Sud). Malgré cet accroc, plus de 2 000 œuvres d’art prêtées par 178 collections publiques et privées, tchèques et étrangères sont réunies pour l’événement. Les tableaux des artistes préférés de Rodolphe II, tels Bartholomeus Spranger, Joseph Heinz, Adriaen de Vries, Hans van Aachen, Giuseppe Arcimboldo et Roland Savery seront disséminés entre la Galerie nationale, le Musée des arts décoratifs, l’Écurie impériale et le Manège Wallenstein. S’y ajoutent de nombreux objets d’art, d’orfèvrerie et de joaillerie. "Mais n’a-t-on pas déjà vu tout cela ?" se sont interrogés quelques historiens de l’art à l’annonce de cette vaste manifestation, en faisant référence à "Prague autour de 1600", l’exposition – plus modeste, il est vrai – organisée il y a dix ans à peine à la Villa Hügel, à Essen, et au Kunsthistorisches Museum de Vienne. La réponse vient sans doute d’ailleurs. Après les récents bouleversements politiques en Europe de l’Est, la nouvelle République tchèque est impatiente de retrouver sa place aussi bien culturelle que politique. Comme l’a déclaré Robert Vrum, directeur de l’exposition : "L’époque de Rodolphe II, quand Prague était le centre du Saint Empire romain germanique, a été la plus brillante de notre histoire. La ville était également le centre culturel et spirituel de l’Europe centrale. À l’heure de notre réintégration dans la communauté internationale, nous devons montrer que notre histoire a commencé bien avant le régime communiste. C’est un devoir de la République tchèque envers ses citoyens."

RODOLPHE II ET PRAGUE. "La cour impériale et la ville résidentielle, centre culturel et spirituel de l’Europe centrale", jusqu’au 7 septembre, divers lieux d’exposition dans Prague, rens. 42 224 37 23 55.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°40 du 13 juin 1997, avec le titre suivant : Rodolphe de Prague

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