Musée

La « mémoire engloutie »

Bientôt un musée français pour l’archéologie sous-marine

Par Joël Girard · Le Journal des Arts

Le 4 juillet 1997 - 487 mots

PORT-VENDRES

Sur le site d’une ancienne caserne militaire, au bord de la Méditerranée et à proximité de la frontière espagnole, sera bientôt réalisé le premier musée français consacré à l’archéologie sous-marine et à l’histoire des échanges maritimes.

PORT-VENDRES. Même si le conservateur, Lucienne Del’Furia, estime "prématuré de publier quoi que ce soit pour l’instant", le projet de musée d’archéologie sous-marine de Port-Vendres, dans les Pyrénées-Orientales, sort peu à peu la tête de l’eau. La Direction des Musées de France confirme que sont actuellement menées les dernières études techniques avec Pierre-Louis Falocci, l’architecte choisi après concours en février 1996, de façon à engager le chantier dès 1998. Celui-ci jouit d’une solide réputation dans le monde des musées depuis la réalisation du Musée du Mont-Beuvrey qui lui a valu l’Équerre d’Argent. Il s’agit de créer un lieu pouvant accueillir l’ensemble des collections d’archéologie sous-marine de l’État inaccessibles au public et entreposées jusqu’à ce jour dans une ancienne caserne du XVIIIe siècle, désormais propriété de la municipalité de Port-Vendres.

Des collections exceptionnelles
"Cette caserne sera restaurée et transformée en musée dans le respect de l’architecture et du plan d’urbanisme de l’époque Louis XVI", insiste Danièle Heude, spécialiste de l’archéologie à l’Inspection des Musées de France. Plusieurs épaves datant de l’Antiquité, du Moyen Âge et du début du XIXe siècle, ainsi qu’une marée d’objets liés à la navigation et aux échanges maritimes composeront le fonds du nouveau musée. Dans la caserne restructurée seront notamment présentées au public plusieurs épaves dont une, exceptionnelle, date de l’Antiquité. Mesurant 14 mètres de long et 7,5 mètres de large, elle a été repêchée au large de Port-Vendres dans une zone qui, sous forte tramontane, s’avérait propice au naufrage des embarcations assurant la liaison entre les deux importantes cités romaines de Tarragone, en Espagne, et de Narbonne. L’architecture navale sera évoquée grâce à ces épaves antiques et à celles du Moyen Âge, avec leurs matériels, les objets de la vie quotidienne à bord, mais aussi leurs cargaisons, renvoyant ainsi à la problématique, vaste et passionnante, des échanges maritimes en Méditerranée. "Toutes ces collections et ces objets de fouilles sont le fruit du travail de la Direction des fouilles archéologiques sous-marines (Drasm) basée à Marseille, qui conduit toutes les opérations dans le domaine maritime français. Aucun doute n’existe donc sur la provenance de ces pièces", assure Jacqueline Schmitt, à la Direction régionale des Affaires culturelles de Montpellier. Le budget global de l’opération se situerait entre 50 et 60 millions de francs, un investissement supporté par l’État et la commune, auxquels le département et la région devraient logiquement se joindre. "L’archéologie sous-marine est très en vogue auprès du public", souligne Danièle Heude, particulièrement depuis des découvertes spectaculaires aux Philippines, à Alexandrie, au Japon... De surcroît, la France ne disposait pas d’un musée ou d’un site entièrement consacré à la "mémoire engloutie". L’ouverture du musée de Port-Vendres, qui pourrait intervenir en 2001, constituera sur la Méditerranée une institution sans équivalent.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : La « mémoire engloutie »

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