Un Salon des beaux-arts sous de bons auspices

Soixante-dix marchands pour la seconde édition

Le Journal des Arts

Le 29 août 1997 - 688 mots

Soixante-dix exposants, contre cinquante-trois en 1995, participeront à la seconde édition du Salon des beaux-arts de Paris. Organisé par les trois jeunes marchands parisiens Patrick Perrin, Emmanuel Moatti et Stéphane Custot, il se tiendra à l’Espace Eiffel-Branly du 9 au 14 septembre. Rares chefs-d’œuvre et pièces à des prix plus abordables animeront ce rendez-vous international, concentré sur les domaines de la sculpture, du dessin et du tableau.

Paris. "Être une référence majeure pour les collectionneurs, marchands et musées internationaux." Tel est l’objectif du Salon des beaux-arts de Paris qui, depuis 1995, a lieu tous les deux ans en alternance avec la Biennale des antiquaires. Les soixante-dix professionnels du marché de l’art présents cette année chercheront à y défendre et à y promouvoir le dessin, la peinture et la sculpture, de la Renaissance aux Modernes. Selon Emmanuel Moatti, qui présentera une scène d’histoire de Bourdon datée de 1645, à un million de francs, "les plus grands marchands seront présents". Le but déclaré de Patrick Perrin, l’un des fondateurs, est de présenter cette manifestation "comme un carrefour économique de première importance, permettant de situer les orientations du marché de l’art international". Aussi un tiers des exposants sélectionnés est-il d’origine étrangère : essentiellement anglais et américains, mais aussi allemands, autrichiens, néerlandais et belges. Telle la galerie bruxelloise de Patrick Derom qui, "enchanté de sa première participation", proposera un tableau de Paul Delvaux, Les phases de la lune (1942), à plus de deux millions de dollars, et une œuvre de René Magritte, L’in­ven­­tion de la vie, à un million de dollars.

Pièces à des prix abordables
Sélectionnés par un comité de huit membres – Huguette Bérès, Stéphane Custot, Warring Hopkins, John Mitchell, Em­manuel Moatti, Robert Noortman, Patrick Perrin et Maurice Segoura –, les exposants, dont certains étaient absents en 1995, ont tenu à ne pas rater le rendez-vous. Patrice Bellanger considère ainsi que sa présence "viendra combler le manque de marchands de sculptures, remarqué lors de la première édition". Il présentera un projet de terre cuite de Rusconi, L’hiver (1710), à 400 000 francs. Un prix, selon lui, "délibérément peu élevé et destiné à séduire une clientèle française". Cet objectif est d’ailleurs partagé par nombre de marchands, tels Philippe Cazeau et Jacques de la Béraudière, qui ne proposeront pas de chefs-d’œuvre mais des toiles "abordables avec un budget modéré", quoique signées Caille­bote, Dufy, Renoir et Léger. Dans la même optique, la galerie Mercier et Duchemin, qui regrette que "les collectionneurs français soient si peu nombreux et aussi frileux", exposera plusieurs tableaux néoclassiques et romantiques figurant dans son dernier catalogue. Cependant, selon Patrick Perrin, qui proposera une Diane et les satyres de Sébastien Leclerc à 280 000 francs, le marché est aujourd’hui très porteur. "La difficulté n’est donc pas tant de convaincre des acheteurs que de trou­ver des objets capables de séduire les collectionneurs", explique t-il. Des œuvres seront toutefois en vente à des prix beaucoup plus élevés. Alexis et Nicolas Kugel présenteront ainsi un rare buste de Frantz Xavier Messerchmidt (1736-1783). Pour mémoire, la dernière sculpture de cet artiste a été vendue en 1985. Aussi, avouent-ils, "plusieurs millions de francs seront demandés pour la Tête n° 40, datée de 1770, qui est l’une des huit dernières encore sur le marché". Dans le même ordre de prix et également d’une rare qualité, la galerie Kugel proposera un superbe paravent peint du XVIIIe siècle, réalisé par Jacques Vigou­reux Du­plessix. Sur les six feuilles de ce chef-d’œuvre, le décorateur d’opé­ra, connu principalement pour ses cartons de la manufacture de Beauvais, a représenté une procession de l’empereur de Chine. À noter encore ce Renaud et Armide dans l’île enchantée, de François-René Vincent, présenté par la galerie Mercier et Duchemin. Cette toile, exécutée en 1787, est une réplique de l’œuvre peinte pour le comte d’Artois et qui a disparu dans les flammes. Ces mêmes marchands proposeront encore un buste en terre cuite originale de Pierre Merard. Daté de 1790, il figure un officier volontaire de la Garde nationale de Paris. Des œuvres qui devraient permettre à ce salon, dont le premier succès s’était fait quasi instantanément par le bouche à oreille, de confirmer les espoirs de ses fondateurs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°42 du 29 août 1997, avec le titre suivant : Un Salon des beaux-arts sous de bons auspices

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