La sculpture dépeinte

Des rapprochements inattendus à la Fondation Maeght

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 29 août 1997 - 404 mots

De Daumier à Barceló, les plus grands peintres se sont adonnés à la sculpture, recherchant de nouvelles formes, affrontant directement la matière pour une confrontation à haut risque. Plus de deux cents œuvres provenant des quatre coins du monde, souvent atypiques dans la production de ces artistes ou donnant un éclairage neuf sur leur production picturale, sont réunies à la Fondation Maeght.

SAINT-PAUL. En entrant dans le jardin de la Fondation Maeght, le visiteur de l’exposition découvre un ensemble de pièces de Dubuffet à Fontana, celui-ci présentant plusieurs “concepts spatiaux” qui semblent littéralement éclore sur la pelouse. "La sculpture des peintres" s’organise chronologiquement autour des grands noms qui ont jalonné notre siècle, jusqu’aux artistes contemporains qui restent dans une veine classique, à l’image de Barceló, Tàpies, Baselitz ou Penk. La première salle, outre des œuvres de Renoir ou de Degas, recèle un petit trésor avec cette tête de bois sculptée de Gauguin, Tête avec cornes, une œuvre importante, récemment redécouverte dans une collection particulière américaine et exposée exceptionnellement à la Fondation. À proximité, L’Après-midi d’un faune (1892), petite statuette cylindrique en bois de Tamanu, trouve un écho inattendu dans une sculpture en pierre blanche de Marc Chagall, Deux nus (1951). Les traces de polychromie bleues et rouges sur la sculpture de Kirchner, Tanzerin mit gehobenem Bein (danseuse levant la jambe), qui soulignent le mouvement par quelques touches discrètes, apparaissent également sur ses cadettes de quatre-vingts ans créées par Georg Baselitz. La Fondation Maeght présente également Stehende, enstande, une autre sculpture de Kirchner, très peu exposée, qui appartient à la Neue Nationalgalerie de Berlin. Dans la première salle consacrée à Picasso, Le Verre d’absinthe (1914) avec sa grille, une petite œuvre d’une vingtaine de centimètres de haut, illustre les recherches cubistes du maître catalan. Après les espaces réservés aux travaux de Miró, Ernst, Fautrier, Ubac et Twombly, Giacometti fait face à De Kooning. Un étrange dialogue se tisse alors entre les corps filiformes du Suisse et les chairs maladives de l’Américain, entre l’exubérance torturée de De Kooning et la rigueur de Giacometti. À côté des œuvres plus récentes de Tàpies, Barceló ou Baselitz, Lupertz fait finalement la synthèse en exposant des créations “totales” : des sculptures peintes.

LA SCULPTURE DES PEINTRES, jusqu’au 19 octobre, Fondation Maeght, 06570 Saint-Paul-de-Vence, tél. 04 93 32 81 63, tlj sauf dimanche et fêtes, 10h-19h ; à partir du 1er octobre, 10h-12h30 et 14h30-18h ; catalogue 320 p., 250 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°42 du 29 août 1997, avec le titre suivant : La sculpture dépeinte

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