Edito

L'Unesco réagit

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 29 septembre 2009 - 333 mots

L’Unesco vient de s’épargner une importante crise en portant pour la première fois à sa tête une femme, Irina Bokova, l’actuelle ambassadrice de Bulgarie en France. Depuis plusieurs mois, la perspective de voir arriver à la direction de l’organisme des Nations unies l’inamovible ministre de la Culture égyptien avait fait se lever les boucliers. Le 22 mai, Bernard-Henri Lévy, Claude Lanzmann et Elie Wiesel publiaient dans le quotidien Le Monde un texte titré sans ambiguïté : « Unesco : la honte d’un naufrage annoncé ». Les trois intellectuels rappelaient quelques-uns des faits d’arme de Farouk Hosni, estimant en 2008 à propos de livres israéliens prétendument introduits à la bibliothèque d’Alexandrie : « Brûlons ces livres ; s’il s’en trouve, je les brûlerai moi-même devant vous », après s’être déclaré en 1997 « "l’ennemi acharné" de toute tentative de normalisation des rapports de son pays avec Israël ». Les auteurs appelaient « donc la communauté internationale à s’épargner la honte que serait la désignation […] de Farouk Hosni au poste de directeur général de l’Unesco » et invitaient « tous les pays épris de liberté et de culture à prendre les initiatives qui s’imposent afin de conjurer cette menace et d’éviter à l’Unesco le naufrage que constituerait cette nomination ». Le ministre égyptien, par ailleurs candidat soutenu officieusement par la France, faisait son mea culpa dans une tribune parue dans le même quotidien le 28 mai. Il n’y revenait pourtant pas sur les multiples actes de censure qui lui sont imputés, dans un pays qui n’hésite pas à emprisonner des blogueurs qui critiquent le gouvernement. La nomination de ce « peintre qui a dédié toute sa vie professionnelle à l’action et à la culture », comme il se présente lui-même, aurait sans aucun doute affecté la crédibilité de l’Unesco, une organisation dont l’objectif est de « construire la paix dans l’esprit des hommes à travers l’éducation, la science, la culture et la communication ». Une profession de foi qui garde, heureusement, tout son poids.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°310 du 2 octobre 2009, avec le titre suivant : L'Unesco réagit

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