Fragile mais prometteur

Un salon parisien de la céramique tourné vers l’Europe

Le Journal des Arts

Le 12 septembre 1997 - 672 mots

Vingt-cinq marchands ont finalement relevé le pari de participer au premier Salon international de la céramique de collection et des arts du feu, à Paris. Organisée sous forme associative par six d’entre eux – Jacques Barrère, Christian Béalu, Bertrand de Lavergne, Jean et Marcel Lemaire, Vincent L’Herrou, John Withehead –, cette manifestation se tient à l’Hôtel Dassault, du 16 au 21 septembre.

PARIS. "La céramique doit devenir un art à part entière et ne plus être considérée comme mineure." En affichant aussi clairement ses ambitions, Nelly Fouchet, expert auprès de la Cour d’appel et propriétaire d’une galerie à Versailles spécialisée en céramiques des XVIIe et XVIIIe siècles, ne pouvait manquer le grand rendez-vous de la rentrée : le premier Salon parisien de la céramique de collection et des arts du feu. Pas plus que ses vingt-quatre confrères, tous ardents défenseurs de cette discipline mal connue des arts appliqués à l’industrie. Pendant cinq jours, ils transformeront donc l’Hôtel Das­sault, au rond-point des Champs Élysées, en un musée exceptionnel où seront exposées des pièces qui n’ont jamais été vues. "Nous avons souhaité que des marchands de toute l’Europe viennent présenter un éventail de toutes les spécialités", explique Christian Béalu, spécialiste de la céramique du XVIe au XVIIIe siècle et président de l’association organisatrice. Souhait qui a été en partie exaucé, puisqu’avec trois Britanniques, trois Belges, un Hollandais, un Allemand et un Italien, le salon aura indéniablement un aspect européen, "et même international, si l’on prend en compte la présence d’un marchand américain", ajoute Christian Béalu. Il n’en reste pas moins que si les étrangers constituent près de la moitié des exposants, la représentation par pays se limite au strict minimum ; elle est même inexistante pour certaines nations comme l’Espagne.

Attirer les collectionneurs européens
"Il n’est toutefois pas possible d’arriver au niveau de la Ceramic Fair dès la première expérience, relativise le président qui, pour mieux défendre son salon, ajoute aussitôt : Non seulement toutes les matières, mais aussi toutes les époques, hormis l’Art déco, seront représentées". Art d’Extrême-Orient et précolombien, émaux du VIe au XVIe siècle, majoliques et verreries du Moyen Âge au XVIIIe siècle, céramiques et faïences des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, porcelaines des compagnies des Indes, céramiques italiennes, faïences de Delft, porcelaines et verres européens néoclassiques… Cette offre très large correspond surtout au désir d’attirer le plus grand nombre possible de visiteurs. "Nous voulons démocratiser le monde des antiquités en l’ouvrant au maximum au grand public", précise Vincent L’Herrou. Comme tous ses confrères, ce spécialiste de la céramique des XVIIe et XVIIIe siècles s’accorde à reconnaître qu’"une clientèle française existe et qu’il faut simplement savoir l’attirer et l’intéresser". Aussi, pour atteindre l’objectif des "dix mille visiteurs en cinq jours", les organisateurs ont-ils décidé, à l’initiative des deux marchands bruxellois Jean et Marcel Lemaire, d’organiser à l’intérieur du salon une exposition sur "la Compagnie d’Ostende et les porcelaines chinoises au décor d’armoiries belges". Complétée d’un catalogue bilingue qui paraîtra à l’ouverture du salon, elle sera l’occasion de présenter une collection de céramiques provenant d’une grande famille étrangère. Un cycle de conférences animées par des conservateurs de musées français et euro­péens ou par des chercheurs reconnus de­vrait finir de convain­­cre d’éventuels sceptiques.Ce premier objectif en cache un second, tout aussi ambitieux : attirer à Paris des amateurs de l’Europe en­tière. Selon Ber­trand de Lavergne, spécialiste en porcelaines d’Extrême-Orient, "les collectionneurs européens sont prêts à faire le déplacement à Paris si les pièces présentées sont de qualité et suffisamment variées". C’est pour cette raison que chaque exposant proposera des œuvres rares – toutes contrôlées par des experts –, tels ce sucrier en porcelaine commandé par des Italiens qui est le seul modèle connu de la Compagnie des Indes, un bol Kakiemon provenant de la collection d’Auguste le Fort, électeur de Saxe et roi de Pologne, ou ce bras de lumière du XVIIIe siècle en Nevers, proposé entre 50 et 60 000 francs. Ces atouts devraient permettre à cette manifestation d’être reconduite dans deux ans, pour se dérouler en alternance avec la Biennale des Antiquaires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°43 du 12 septembre 1997, avec le titre suivant : Fragile mais prometteur

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque