Le prince Sadruddin expose ses trésors

Première étape, le British Museum

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 12 septembre 1997 - 412 mots

Le prince Sadruddin Aga Khan, haut-fonctionnaire des Nations-Unies et l’un des plus grands collectionneurs d’art islamique, va exposer ses trésors au British Museum de Londres l’année prochaine. La manifestation, plus particulièrement consacrée aux peintures indiennes, persanes et turques, sera probablement présentée ensuite en Suisse, au Musée Rietberg à Zurich et au Musée d’art et d’histoire de Genève.

LONDRES. Le prince Sadruddin, oncle du prince Karim Aga Khan, le chef spirituel de dix millions d’Ismaïliens, a débuté sa collection d’art islamique dans les années cinquante, alors qu’il était encore étudiant en sciences politiques à l’université de Harvard. Il effectuait de fréquents voyages à New York, achetant chez des marchands comme Adrienne Minas­sian ou Khan Monif. Les prix étaient à l’époque relativement bas, ce qui lui a permis de constituer alors une collection étonnante. Après avoir terminé son troisième cycle, le Prince a travaillé en 1958 pour l’Unesco et a été, trois ans plus tard, nommé à la tête du Comité international de défense des monuments nubiens. Sa collection s’est considérablement enrichie dans les années soixante-dix, lorsqu’un grand nombre de pièces islamiques de qualité sont apparues sur le marché. Au­jourd’hui, ses peintures persanes du seizième siècle sont plus remarquables que celles du British Museum et constituent la plus importante collection privée du monde dans ce domaine, à côté de celle d’Abolala Soudavar qui a été exposée l’an dernier à la Sackler Gallery de Washington. Ses peintures mogholes du seizième siècle sont également exceptionnelles. Outre ces deux points forts, le prince Sadruddin a également acquis du mobilier européen des seizième et dix-septième siècles, des pièces inuits, africaines et tibétaines, ainsi que des tableaux de Munch, Chirico et Ernst. Les cerfs-volants font partie des aspects les plus inattendus de sa collection, le haut-fonctionnaire des Nations-Unies comptant cette discipline parmi ses passe-temps. Les cent quarante-quatre peintures turques, iraniennes et indiennes réunissent quelques-unes des pièces maîtresses de la collection, notamment les fameuses miniatures du Shah-Name  ("le livre des rois") réalisées à la cour de Shah Tahmasp et qui ont été scandaleusement démembrées par le collectionneur américain Arthur Houghton. Le prince Sadruddin en a acheté six dans les années soixante-dix et quatre-vingt, et le gouvernement iranien en a obtenu cent dix-huit en 1994, en échange d’un tableau de De Kooning évalué 20 millions de dollars. Le Prince a également acquis d’autres œuvres ayant appartenu au baron Edmond de Roth­schild, à l’exemple de la Chasse des nobles, une aquarelle moghole du début du dix-septième siècle achetée chez Colnaghi en 1976.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°43 du 12 septembre 1997, avec le titre suivant : Le prince Sadruddin expose ses trésors

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