Amsterdam versus Hulsker

Le Van Gogh Museum est sûr de l’authenticité de ses toiles

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 12 septembre 1997 - 638 mots

Le Van Gogh Museum d’Amsterdam prend position dans la polémique lancée par Jan Hulsker, qui conteste l’authenticité de quarante-cinq œuvres majeures du peintre (voir le JdA n° 39, 30 mai). Sur les seize conservées par le musée, une seule pourrait être un faux. Le conservateur en chef Louis van Tilborgh déplore le manque d’arguments de Hulsker et fait le point sur les œuvres mises en cause.

LONDRES. Louis van Tilborgh est prudent : il se réserve le droit d’une éventuelle révision des commentaires du musée sur les œuvres contestées dans la nouvelle édition de The new complete Van Gogh, le catalogue raisonné des œuvres du peintre dressé par Jan Hulsker. Les conservateurs viennent en effet tout juste de commencer la réalisation d’une série de catalogues détaillés, rédigés par des spécialistes, sur la collection toute entière. Toutefois, il ébauche déjà une série d’arguments visant à réhabiliter les œuvres mises en cause

Tête de Paysan (1885) 
Il ne peut être réputé faux. Son origine est bien connue puisque le tableau appartenait à Jo Bonger, la femme de Théo. Sur son revers figure un autoportrait – pratique courante dans la période Nuenen – qui n’est d’ailleurs pas contesté par Hulsker. Pour M. Van Tilborgh, la démons­tration est simple : "Que ferait un autoportrait authen­tique sur un faux tableau de Nuenen, alors que les premières œuvres de l’artiste sont les moins côtées ?".

Kalong empaillé
Son authenticité ne ferait également aucun doute. Cette œuvre curieuse, qui représente une chauve-souris d’Indonésie, a été acquise en 1973 par le Van Gogh Museum. Habituellement datée de la période parisienne de l’artiste, elle pourrait, selon une déclaration récente de M. Van Tilborgh, être plus ancienne et avoir été exécutée à Nuenen. On trouve sa trace dès le début des années 1900 à la Oldenzeel Art Gallery de Rotterdam. Si elle ne figure pas dans les deux premières éditions établies par de la Faille, elle est incluse dans le catalogue raisonné de 1970.

Martin-pêcheur (1886)
M. Van Tilborgh utilise des arguments judicieux qui viennent appuyer la reconnaissance de la “patte” de Van Gogh. Aujourd’hui dans les réserves du musée, l’oiseau empaillé qui a servi de modèle au tableau a toujours appartenu à la famille du peintre et n’a jamais été exposé. Un faussaire n’aurait pu y avoir accès. Par ailleurs, “le tableau a une bordure peinte en rouge, chose rare dans les œuvres de Van Gogh. Ces bordures étant en général masquées par le cadre, un faussaire aurait difficilement pu introduire un tel détail”, explique également M. Van Tilborgh. De toute façon, Martin-pêcheur est une œuvre signée ayant appartenu à Jo Bonger.

Le Jardin à Saint-Rémy
Son histoire est plus complexe. Cette œuvre a été donnée à la Fon­dation Van Gogh par le fils du Dr Paul Gachet en 1957. À l’époque, le fils de Théo, l’ingénieur Vincent van Gogh, avait réfuté son authenticité, un avis dont le musée n’a jamais tenu compte. Selon M. Van Tilborgh, il s’agirait d’une version retravaillée d’une ébauche d’après nature actuellement conservée au Folkwang Museum d’Essen. Or, il serait très improbable qu’un faussaire ait pu traduire le tableau d’Essen dans la version d’Amsterdam, qui présente toutes les caractéristiques du style Saint-Rémy de Van Gogh.

Sur les douze dessins remis en question par Hulsker, un seul est rejeté par le Van Gogh Museum : Femme nue assise. Le conservateur des Dessins, Sjraar van Heugten, admet la "faiblesse et l’hésitation de l’exécution". Qui pourrait alors en être l’auteur ? Au dos du dessin figure une note gribouillée par le peintre hollandais Arnold Koning, qui a séjourné brièvement chez Théo ; elle fait allusion à des détails pratiques sur le nettoyage de l’appartement. Toutefois, M. Van Heughten ne reconnaît pas la main de Koning. L’identité de l’artiste reste donc un mystère. Le Van Gogh Museum propose jusqu’au 12 octobre une exposition des dessins de Nuenen.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°43 du 12 septembre 1997, avec le titre suivant : Amsterdam versus Hulsker

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