Quatre collections d’archéologie dispersées à Drouot

714 lots égyptiens, romains et grecs à tous les prix dans la vente De Ricqlès

Le Journal des Arts

Le 26 septembre 1997 - 709 mots

Comme la plupart des ventes d’archéologie, les vacations des 29 et 30 septembre organisées à Drouot-Richelieu par Me François de Ricqlès seront très ouvertes. Les 714 lots, dont le produit attendu s’élève à cinq millions de francs, seront en effet mis aux enchères dans un éventail de prix très large.

PARIS. Pour la troisième année consécutive, Me François de Ricqlès effectue sa rentrée par une vente d’archéologie, au cours de laquelle quatre collections seront dispersées. Selon l’expert Jean-Philippe Mariaud de Serres, 90 % des objets proviennent des collections Marianne Maspéro et Nicolas Koutoulakis, "deux antiquaires qui ont commercé avec les plus grands de ce monde", Émile Brugsh-Pasha (1842-1930), "l’égyp­to­logue allemand du début du siècle dont une partie de la collection a été vendue en 1996", et Bernard Krief, "un collectionneur qui possédait surtout des objets charmants". Mais, pour éviter que "les amateurs enchérissent sur le seul nom", en dehors de la collection Brugsh-Pasha, la dispersion s’effectuera par thèmes. Regroupés dans le catalogue en une dizaine de chapitres, "les lots sont tous estimés raisonnablement et dans une gamme de prix très étendue, car la spéculation n’existe pas dans un domaine qui s’adresse essentiellement à des connaisseurs" Parmi la cinquantaine d’objets de Mésopotamie et de glyptique, la plupart se situent dans la fourchette de 800 à 3 500 francs. Seul un cylindre de serpentine verte, gravé en double registre, est estimé 8 000 à 9 000 francs. Une dizaine de bijoux romains ou d’Asie Mineure sont également proposés entre 1 000 et 6 000 francs. Pour la vingtaine de pièces du Proche-Orient figurant dans la vacation du 29 septembre, les prix varient de 800 à 4 500 francs, à l’exception d’une palette ornée d’un motif floral stylisé, au manche surmonté d’une statuette figurant un capridé, estimée 8 000 à 9 000 francs. Bien que certains des objets dispersés le lendemain aient des estimations plus élevées, ils apparaissent tout à fait "raisonnables au regard de leur qualité". Par exemple, cette statuette ex-voto en calcaire blanc représentant un éléphant très stylisé, vallée de l’Euphrate, IVe millénaire av. J.-C., 50 000 à 60 000 francs ; ou ce très rare ensemble de deux statuettes en serpentine verte figurant un couple de bovidés, de même provenance et daté avec prudence du IVe millénaire, 60 000 à 70 000 francs. De même, une dizaine d’œuvres d’art ibérique sont proposées en deçà de 10 000 francs. Toutefois, une statuette datant du IIIe millénaire av. J.-C. fait exception. En marbre blanc, de forme cylindrique et représentant une idole très stylisée dont les traits principaux sont gravés et les yeux bordés de rayons, elle est estimée 45 000 francs, “car très à la mode”.

Mieux connues et plus appréciées
“Correspondant davantage aux centres d’intérêt du public”, les pièces de Grèce et de Rome atteignent en revanche des prix plus importants. Tel ce buste monumental en marbre blanc de Septime Sévère, datant du règne de l’empereur (193-211), estimé de 140 000 à 160 000 francs ; ou ce fragment en marbre blanc de stèle en bas-relief, art grec, Ve siècle av. J.-C., représentant un cavalier vêtu d’une tunique courte chevauchant un étalon, entre 180 000 et 200 000 francs. Les lots d’Égypte, "qui sont appréciés des collectionneurs en raison de la linéarité de la civilisation et de l’unité stylistique", ont eux aussi des cotes plus élevées. Un fragment de peinture murale représentant un homme coiffé d’une perruque à frisons et vêtu d’un pagne plissé et d’une peau de panthère, le corps peint en ocre rouge se détachant sur fond jaune, est estimé 150 000 à 180 000 francs. Bien que constituant un chapitre à part, les objets de la collection Brugsh-Pasha sont dans la ligne de la vente puisque le prix de la plupart des pièces se situe en deçà de 10 000 francs. Un shaouabti en albâtre, sans mains apparentes, au nom de l’Observateur de l’Heure et préposé à la Chambre des Offran­des Kemehou, gravé d’une inscription très originale qui identifie son propriétaire à Horus, fils d’Osiris, est cependant estimé 40 000 à 50 000 francs. "Mais au regard de sa très grande force et de son ancienneté", puisqu’il est daté du Moyen Empire, l’estimation n’apparaît aucunement exagérée. Selon Jean-Philippe Mariaud de Serres, "elle pourrait même réserver une bonne surprise".

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : Quatre collections d’archéologie dispersées à Drouot

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