Un Festival bien fréquenté

Beaucoup de monde mais peu de ventes à Tokyo

Le Journal des Arts

Le 21 novembre 1997 - 650 mots

Malgré l’agitation des marchés boursiers asiatiques, le Tokyo International Art Festival, qui s’est tenu du 30 octobre au 3 novembre, a satisfait les marchands. L’événement s’est déroulé en plein centre ville, dans le nouveau bâtiment d’acier et de verre du Tokyo International Forum, et a attiré une foule considérable de visiteurs. Peu de ventes ont toutefois été réalisées au cours de ces quatre jours d’exposition.

TOKYO. Pour fêter son quarantième anniversaire, l’Association des marchands d’art japonais avait organisé un festival d’art international comprenant une exposition “Yuzo Saeki” et la participation de marchands étrangers, alors que le marché japonais se déroule plutôt à huis clos. Sa présidente, Mme Chieko Hasegawa, avait déclaré vouloir “changer l’atmosphère autour de l’art, après les prix excessifs de l’époque du grand boom japonais, à la fin des années quatre-vingt”. Pour certains galeristes, le krach boursier des marchés de Hong Kong et de Singapour et la stagnation de l’économie nippone sont les premiers responsables du faible nombre de transactions “Nous n’avons vu personne du Sud-Est asiatique, des États-Unis ou d’Europe, et les grands collectionneurs japonais étaient partis pour ce week-end prolongé. Nous ne nous attendions pas à grand chose et nous n’avons rien eu”, a déploré Tsugu Tamenaga, dont la galerie est installée à Paris, Tokyo et Osaka. Les vingt étrangers et cinquante-six japonais participants ont tous rendu hommage à l’efficacité des organisateurs. Anisabelle Berès s’est déclarée “enchantée par l’accueil des marchands japonais et impressionnée par l’organisation”. Comme les autres galeristes français, elle n’a pas caché sa surprise face à l’affluence et à l’intérêt des visiteurs. “Nous n’avons jamais vu un salon où 60 000 personnes se bousculent en quatre jours”, s’étonne-t-on encore chez Hopkins-Thomas.

Privilégier les marchands locaux et les musées
Sponsorisé par un groupe de sociétés japonaises, l’événement n’avait officiellement aucun caractère commercial ; le prix des œuvres n’était pas indiqué mais un acheteur intéressé pouvait néanmoins les “réserver”. Aussi les marchands ont-ils reconnu qu’ils ne s’attendaient pas à réaliser des ventes mirobolantes : “Nous voulions renouer des liens avec les acheteurs japonais”, a déclaré Daniel Malingue. Le galeriste parisien convient cependant que “les principaux contacts ont été établis avec des musées”. Les autres galeries avaient d’ailleurs concentré elles aussi leurs efforts sur ces institutions, et en particulier sur les musées préfectoraux. “Ils ont souvent investi des sommes importantes dans la construction d’un bâtiment et dans le démarrage d’une collection”, soulignait le Londonien Julian Andrew, qui travaille avec le Japon depuis plus de vingt ans. “Et puis, après une pause de cinq ou dix ans, d’autres fonds sont débloqués pour poursuivre les acquisitions.” Mais avec la récession économique, leurs budgets ont subi des restrictions. Le New-Yorkais Dominique Haim, spécialisé dans l’acquisition d’œuvres d’art pour les espaces publics, avait lourdement investi – au sens propre comme au figuré – en présentant deux grandes sculptures de Rodin ainsi qu’une immense mosaïque de Léger, tandis que la Lefevre Gallery, de Londres, exposait un somptueux Monet de 1890, Effet de printemps à Giverny, estimé trente millions de francs. Leo Castelli proposait pour sa part des œuvres de Dan Flavin, et deux galeries montraient courageusement du constructivisme russe. Selon Peter Boris, de Pace Wildenstein, “ce n’était pas un bon endroit pour vendre. C’est une manifestation intéressante, car elle nous permet de voir ce qui se passe ici, mais elle semble plus favorable aux achats qu’aux ventes. New York est aujourd’hui l’endroit où l’art se vend le mieux, avec un intérêt grandissant pour les artistes d’Asie.” La galerie Fanny Guillon-Lafaille a néanmoins vendu un Dufy à un marchand japonais, qui agissait pour le compte d’un musée. Comme la galerie Hopkins-Thomas qui, sans plus de précisions, indique avoir couvert ses frais et surtout pris d’excellents contacts avec des musées et des marchands. De bonnes raisons de revenir, même si, selon Anisabelle Berès, “les marchés boursiers jouant un rôle capital, un véritable krach compromettrait une autre participation, car la foire revient vraiment très cher”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Un Festival bien fréquenté

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