De Rouen à Paris

Jacques-Émile Blanche et ses amis à la Scala

Le Journal des Arts

Le 21 novembre 1997 - 473 mots

Dans la lignée de l’exposition du Musée des beaux-arts de Rouen et en collaboration avec Jane Roberts, qui prépare un catalogue raisonné, la Galerie de la Scala présente plus de quatre-vingts œuvres de Jacques-Émile Blanche (1861-1942) et des peintres qu’il a côtoyés. L’occasion de découvrir et d’acquérir des tableaux, proposés à partir de 12 000 francs et jusqu’à 500 000 francs.

PARIS. Symboles des relations étroites qu’entretenait Jacques-Émile Blanche avec ses contemporains, deux huiles sur toile se partagent la vedette de cette exposition. L’une, avec ses noirs et ses verts à la Manet, est signée Paul César Helleu. Elle met en scène Madame Helleu et Miss Violet Sargent à Hadbury chez Sargent (500 000 francs), dans une composition osée qui immortalise un instant de calme et de bonheur. L’autre, Henriette Chabot aux pivoines  de Jacques-Émile Blanche, est à rapprocher du premier plan de La partie de lawn-tennis, exposée au Racing-Club de France, où Manet a représenté le même modèle, derrière un massif de roses. Ces deux œuvres mettent également en évidence le monde dans lequel évoluait Jacques-Émile Blanche. Portraits de célébrités de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, natures mortes – Le bouquet de roses et de pois de senteur (150 000 francs) – ou paysages – Bord de mer (55 000 francs) –, les quatre-vingts œuvres proposées ont été réalisées par ce peintre parisien ou par les artistes que sa notoriété précoce lui avait donné l’occasion de rencontrer.

Des œuvres jamais présentées en public
Fort de son succès mondain et des récompenses officielles obtenues des deux côtés de la Manche, ce jeune homme de bonne famille est aussi devenu un grand collectionneur. Il a acquis de nombreux tableaux de Bonvin, Courbet, Corot, Rousseau, Manet, ou Monet qu’il a connu à Dieppe en 1882. Hormis les liens privilégiés qui unissaient leurs auteurs, les tableaux ont également en commun une grande vérité psychologique. En représentant La comtesse Roederer (80 000 francs), Philip Alexins de Laszlo de Lombos a ainsi mis l’accent sur le visage, laissant le reste du corps dans un fondu vaporeux très suggestif. Quant à Pierre Carrier Belleuse, le fils du sculpteur, il a su montrer dans son pastel Jeune femme écoutant à la porte (120 000 francs) à la fois l’ingénuité et la malice de cette scène anodine. Dessins de Jacques-Émile Blanche, dont les prix s’échelonnent de 10 000 à 18 000 francs ; aquarelles, comme La Marseillaise de Jean-Louis Forain (13 000 francs) ou Femmes sur papier calque de Gervex (13 000 francs), la plupart des œuvres, qui proviennent de collections françaises ou étrangères, présentent également l’intérêt de n’avoir jamais été exposées en public.

JACQUES-ÉMILE BLANCHE ET SES AMIS, exposition-vente jusqu’au 19 décembre, Galerie de la Scala, 68 rue de La Boétie, 75008 Paris, tél. 01 45 63 20 12, tlj sauf dimanche 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : De Rouen à Paris

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