Mobilier ancien

Alain Renner : "Mobilier de métal de l'Ancien Régime"

Un ouvrage lève le voile sur la création de meubles métalliques au XVIIIe siècle, laquelle reste encore auréolée de mystère

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 16 septembre 2009 - 480 mots

À côté d’une foisonnante production française de mobilier de bois au XVIIIe siècle, on assiste à un renouveau des meubles métalliques.

Pourtant aucune étude, ni analyse historique ou esthétique, n’avait encore été réalisée avant qu’Alain Renner, commissaire-priseur parisien spécialiste en mobilier et historien d’art, ne se penche sur la question. Il existe très peu de références dans les sources écrites de l’époque, ou dans les écrits des historiens des arts décoratifs sur ce sujet. L’auteur a donc procédé à un énorme travail de recherches et d’inventaire. Au fil des pages, on suit avec intérêt ses avancées sur le mystère du métal au siècle des lumières, comme une véritable enquête policière. Les chapitres abordent les différents types de meubles en métal (console, bureau, mobilier religieux, meuble à transformation…), mais ils n’apportent pas toujours de réponses aux questions que l’on se pose, faute de documentation existante. Logiquement, le travail du métal s’épanouit au XVIIIe siècle avec l’art de la serrurerie, avant tout destinée à la production d’éléments fonctionnels (poignées, entrées de serrures et sabots) mais devenant de plus en plus un art ornemental à travers sa grande variété de garnitures (chutes, frises, tabliers…). Si le fer a l’avantage de se forger selon l’épaisseur et les formes désirées, il est en revanche beaucoup moins facile à travailler que le bois. Parce qu’elle est particulièrement adaptée à la technique de la serrurerie, la console sera le meuble en métal le plus fréquent au XVIIIe siècle. La solidité du fer est un atout face au poids des plateaux de marbre coiffant les consoles. L’utilisation du fer forgé permet une grande finesse des découpes et des décors, aboutissant à une ornementation plus raffinée des consoles d’apparat en métal par rapport aux modèles équivalents en bois de style rocaille. Mais alors, pourquoi les consoles métalliques n’ont-elles pas supplanté celles des ébénistes ? Une rare documentation de l’époque permet de mettre en évidence l’engouement des Provençaux pour les consoles en fer doré. Malheureusement, les mentions d’inventaires fournissent peu de détails sur ces meubles, indiquant simplement « supports de fer ». Et il faut aller se rendre compte de la créativité des serruriers de la région dans des musées de Provence et du Vaucluse. L’ouvrage a l’immense mérite de dresser un panorama de la création métallique à une époque où l’on n’imaginait pas trouver autant de modernité à côté d’une production classique. Avec ses lignes pures, le lit métallique appelé alors « couchette de fer », destiné aux collèges, hôpitaux et à l’armée, était apprécié pour ses qualités d’hygiène et de transport (car pliant ou facilement démontable, et souvent sur roulettes). Tout comme les sièges de militaires, légers, pliants et/ou démontables, avec une assise en tissu ou en cuir, et d’une esthétique étonnement contemporaine.

ALAIN RENNER , MOBILIER DE MÉTAL DE L’ANCIEN RÉGIME À LA RESTAURATION , éditions Monelle Hayot, 2009, 168 p., 150 ill., 60 euros, ISBN 978-2-903824-63-1

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°309 du 18 septembre 2009, avec le titre suivant : Alain Renner : "Mobilier de métal de l'Ancien Régime"

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