Conseil pour la création

Les premiers projets de Marin Karmitz

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a rappelé le 10 septembre avec fermeté son autorité en matière de politique culturelle

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 15 septembre 2009 - 593 mots

Créé en janvier 2009 par le président de la République, le Conseil pour la création artistique dirigé par Marin Karmitz a révélé ses premiers projets le 10 septembre. À cette occasion, Frédéric Mitterrand, invité de dernière minute, a fermement rappelé l’autorité de son ministère en matière de politique culturelle.

PARIS - Faire taire les spéculations sur l’avenir du Conseil pour la création artistique, créé en janvier 2009 par le président de la République. Tel était l’objectif partagé de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la  Communication – invité de dernière minute –, et de Marin Karmitz, délégué général de ce conseil, lors d’une toute première présentation à la presse, le  10 septembre. Depuis neuf mois, rien de concret n’a véritablement filtré du  travail de cet objet non identifié, lancé comme un affront à la  ministre  de  l’époque, Christine Albanel. D’emblée, le producteur de cinéma a souhaité donner sa définition du conseil : « Être un laboratoire de recherche sur la  création et les savoirs, avec la possibilité, unique au monde, d’expérimenter  ces  recherches.» Organisée au Musée du  quai  Branly au lendemain de la première  réunion  officielle de ces membres à l’Élysée, la présentation était  très attendue. Mais pas uniquement par impatience d’en connaître les projets… Depuis juin dernier, la donne a radicalement changé avec l’arrivée  d’un  nouveau ministre qui n’entend pas jouer les doublures. Frédéric Mitterrand  est désormais le patron de la culture en France, et il a tenu à le faire savoir, avec la courtoisie propre au personnage. À une question sur les liens existant  entre le Conseil pour la création et la Rue de Valois, le ministre – après  avoir rappelé la longue amitié qui le lie au producteur de cinéma – a eu cette réponse cinglante : « Sur le plan administratif, je l’assimile à  une  DRAC  [Direction régionale des affaires culturelles] in partibus. » Traduction : abrégeant la locution latine in  partibus infidelium (dans le  pays  des infidèles), le ministre considère qu’étantdépourvu de  fonction  réelle,  le  conseil sera chargé de mettre en œuvre la politique  culturelle  définie par le gouvernement. Rien d’autre, même si Frédéric  Mitterrand avait précisé auparavant que le conseil serait « une  source  d’enrichissement très fort  pour le ministère » et qu’il comptait utiliser à plein  « cette boîte à outils ». 

Transversalité
Le salut du conseil ne pourra donc venir que de sa capacité à mener à bien le  concept de transversalité destiné à faire en sorte que « la culture soit dans tous le ministères », selon son délégué général. Pour preuve, le seul projet  bien avancé, sur les douze déjà concoctés, relève d’une commande…  du haut-commissariat à la jeunesse. Les autres, qui empiètent  directement sur  les  compétences  du  ministère  de  la  Culture,  demeurent  encore  assez  flous.  Démocratisation  de  l’accès  à  la  culture,  travail  sur  des  zones  géographiques délaissées,  renforcement  de  la  place  de  Paris  comme  capitale  des  arts,  développement  du  numérique,  diffusion  de  la  culture  française  à  l’étranger  sont  autant  de  pistes  de  travail  qui  sonnent  pourtant  comme  de  vieilles  rengaines  des  politiques  culturelles.  Pour  y  parvenir,  le  conseil  disposera  de  10   millions  d’euros.  Un  arbitrage  est  en  cours  à  Matignon,  dont  il  dépend,  pour  savoir  qui  mettra  au  pot,  sachant  qu’ils  «  ne  seront  pas  pris  sur  le  budget  du  ministère  de  la  Culture »,  a  précisé  Marin  Karmitz.  Des  fonds  privés  seront  également  sollicités.  De quoi allègrement  saupoudrer  jusqu’à  la  fin  du  quinquennat,  date  à  laquelle  la  «  boîte  à outils »  sera  remisée  au  placard.  Pour  des  projets  qui,  aussi  pertinents  soient-ils,  ne  feront  pas  une  politique  culturelle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°309 du 18 septembre 2009, avec le titre suivant : Les premiers projets de Marin Karmitz

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