Vanuatu, côté antiquaire

Œuvres anciennes et traditionnelles à la galerie Meyer

Le Journal des Arts

Le 5 décembre 1997 - 492 mots

En parallèle à “Vanuatu, Océanie, arts des îles de cendre et de corail”?, qui se tient jusqu’au 2 février au Musée des arts africains et océaniens, Anthony Meyer présente une quarantaine d’objets cérémoniels issus des cultures insulaires du Vanuatu. Première exposition organisée par une galerie des œuvres de l’archipel océanien situé entre les îles Salomon et la Nouvelle-Calédonie, elle propose des masques, des personnages de grade, des armes, des instruments de musique, des bijoux et bien d’autres pièces, à des prix allant de 5 000 francs à un million de francs.

PARIS. L’archipel du Vanuatu, composé de douze îles principales, fait partie de l’espace culturel malayo-polynésien. Malgré cet apparent éparpillement, l’ancienne république des Nouvelles-Hébrides, devenue Vanuatu depuis 1980, a su conserver les fondamentaux culturels mélanésiens et les spécificités propres à chacun des quarante îlots qui la composent. “L’art du Vanuatu est mal connu et souvent mal apprécié”, souligne Anthony Meyer. Le marchand parisien, qui “a mis une dizaine d’années à rassembler les trente-six objets exposés”, précise d’ailleurs qu’aucun collectionneur important n’est connu à ce jour. Les pièces du Vanuatu se caractérisent pourtant par leur grande recherche esthétique et leur singularité dans l’espace culturel du Pacifique. Quatre masques exceptionnels sont exposés. En bois, celui de type chub­wan (800 000 francs) était utilisé au XIXe siècle lors des rituels favorisant la culture de l’igname. Celui de type narut (un million de francs), réalisé au XVIIIe siècle sur l’île de Malekula, représente un esprit ancestral protecteur : c’est un des rares masques qui était porté et non tenu à la main. Magnifiques statues, quatre personnages de grade taillés dans la fougère sont l’affirmation du système social stratifié et très hiérarchisé du Vanuatu. Elles sont proposées de 50 000 à 250 000 francs. Une rare effigie funéraire surmontée du crâne du défunt, rambaramb (150 000 francs), représente un dignitaire d’une société secrète de l’île de Malekula. Elle a été exécutée au XXe siècle, à partir d’écorce, de rotin et de pâte végétale. La mâchoire animale associée à l’effigie conceptualise la place du cochon – symbole d’abondance – dans la vie de l’archipel. Le talisman de richesse (135 000 francs), présenté un peu plus loin, figure également cet animal. Pour mieux faire comprendre la société du Vanuatu, Anthony Meyer présente, “dans le cadre d’une exposition qui se veut plus illustratrice qu’exhaustive”, un ensemble d’objets utilitaires. Le visiteur découvrira ainsi des lances (15 000 à 25 000 francs), des massues (10 000 à 30 000 francs), des flûtes (8 000 à 12 000 francs) et autres bols (15 000 à 20 000 francs) aux décorations anthropomorphes ou géométriques. “Toujours réalisées par des artistes et non par des artisans”, ces pièces achèveront de convaincre les sceptiques du bien-fondé d’une démarche à la fois ethnographique et artistique.

ART DU VANUATU, exposition-vente, jusqu’au 17 janvier 1998, galerie Anthony J.P. Meyer-Oceanic Art, 17 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris, tél. 01 43 54 85 74, tlj sauf dimanche et lundi 10h30-13h et 14h30-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Vanuatu, côté antiquaire

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