Joséphine Le Foll : « La peinture de fleurs » & Alain Tapié : « Le sens caché des fleurs, Symbolique et botanique dans la peinture du XVIIe siècle »

Quand l’art floral croise la peinture

Le Journal des Arts

Le 5 décembre 1997 - 420 mots

Les fleurs sont récemment redevenues un sujet de prédilection pour les peintres contemporains. Dans un panorama qui va de la mosaïque romaine à Twombly, Joséphine Le Foll examine les enjeux de ce genre dit mineur tandis qu’Alain Tapié se concentre sur la grande époque.

Tout au long de l’histoire, les fleurs ont exercé sur les peintres une fascination profonde dont témoigne à elle seule l’iconographie généreuse du livre de Joséphine Le Foll. Des fresques de Pompéi à Andy Warhol, il est pour le moins étrange de faire le constat de la récurrence de ce motif qui, en raison même de son caractère conventionnel, autorise les audaces du coloris comme de la ligne. Le schéma compositionnel est souvent identique : sur une table et devant un fond neutre, un vase rempli de fleurs rares ou communes. Entre le Bouquet de Jan Bruegel, peint en 1606, et le Vase  de Pablo Picasso, il semble même que le temps se soit arrêté et que le regard sur la nature ne se soit modifié que dans d’infimes proportions.

Si la symbolique des vanités a trouvé au cours des siècles un code formel assez strict, la peinture de fleurs ne dispose que d’un “répertoire aléatoire de symboles” qui n’en rend pas la lecture aisée. L’ambivalence règne dans ce jardin pictural : les fleurs évoquent aussi bien la vie et la mort, la jouissance et la terreur, la luxuriance et le poison. Elles exaltent les sens et, parfois, semblent en même temps en dénoncer les traîtres illusions. Alors que Warhol ou Gérard Gasiorowski les ont utilisées pour moquer avec une légèreté printanière le dogmatisme moderniste, tandis qu’elles font sur les chevalets contemporains un retour remarqué, on aurait pu s’attendre à ce qu’une plus large place soit accordée à la période récente où, après de nouvelles métamorphoses, elles endossent sans doute un nouveau rôle.

C’est surtout au XVIIe siècle que les fleurs ont été le support d’un discours symbolique et allégorique. Faisant suite à l’exposition qu’il avait organisée au Musée de Caen voici près de dix ans, l’étude savante et alerte d’Alain Tapié, réalisée avec la complicité de Sam Segal et Odile Delenda, situe ce langage floral dans la culture religieuse et philosophique de la période et ne se limite pas au genre de la nature morte.

Joséphine Le Foll, La peinture de fleurs, éditions Hazan, 196 p., 198 F. ISBN 2-85025-572-6.
Alain Tapié, Le sens caché des fleurs, Symbolique et botanique dans la peinture du XVIIe siècle, éditions Adam Biro, 160 p., 290 F. ISBN 2-87660-203-2.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Joséphine Le Foll : « La peinture de fleurs » & Alain Tapié : « Le sens caché des fleurs, Symbolique et botanique dans la peinture du XVIIe siècle »

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