Holbein restauré

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 19 décembre 1997 - 240 mots

La National Gallery de Londres expose jusqu’au 1er février plusieurs portraits de grand format peints par Holbein le jeune et conservés en Grande-Bretagne, autour des Ambassadeurs, récemment restauré.

Le tableau représente la rencontre de deux jeunes diplomates français à la cour d’Henri VIII, Jean de Dinteville (à gauche) et Georges de Selve, évêque de Lavaur (à droite). Il est accroché de façon à ce que les visiteurs puissent apprécier la déformation anamorphique du crâne au premier plan. Sa présentation intervient à la fin d’une restauration entreprise en 1993, qui a opposé les conservateurs britanniques et italiens. Après avoir ôté le vernis et éliminé les re­tou­ches faites en 1891, les restaurateurs an­glais ont complété certains dé­tails, comme l’os du nez du crâne et le mé­daillon porté par Jean de Din­te­ville. Cette ap­pro­che, qui cor­res­pond à la vo­lonté de la National Gal­le­ry de “présenter des images compréhensibles”, est privilégiée en Gran­de-Bretagne. Mais pour les restaurateurs italiens, ces retouches, mêmes méticuleuses, s’apparentent à une contre-façon. Eux préfèrent les laisser visibles.

L’œuvre a suscité de nombreuses interprétations, notamment la présence du crâne qui évoque la vanité des richesses et rappelle que la mort est inscrite au cœur de l’opulence. La représentation d’un crâne anamorphosé peut encore être perçue comme une démonstration de la vituosité de Holbein et sa maîtrise de ces procédés scientifiques. Quant aux divers instruments au riche contenu symbolique rassemblés sur la table, ils font allusion à la culture humaniste des modèles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Holbein restauré

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