Le jour se lève sur la Galerie du Ponant

Remise en état du Palais Doria à Gênes

Le Journal des Arts

Le 3 janvier 1998 - 485 mots

Le Palais Doria à Gênes, dit Palais du Prince, retrouve progressivement sa splendeur d’antan. La restauration de nouvelles pièces – la Galerie du Ponant et la chapelle – et de leur décor s’accompagne de la remise en place du mobilier originel, toujours en possession des descendants des glorieux amiraux.

GÊNES - Le Palais Doria, à Gênes, s’est enrichi de nouveaux espaces avec l’ouverture de la Galerie du Ponant, restituée dans son état originel avec les tapisseries de la Bataille de Lépante. La chapelle attenante est également accessible à la visite. Comme lors de l’ouverture du palais au public, il y a deux ans, les derniers descendants de la famille, Jonathan et Gesine, ont veillé à rapporter les meubles d’origine qui, pendant les années d’abandon de la demeure gênoise, avaient été déménagés au palais Doria Pamphili à Rome.

La construction de la Galerie du Ponant, commencée en 1594 en réutilisant les structures d’un édifice préexistant, entrait dans le plan d’agrandissement de l’édifice voulu par Giovanni Andrea Ier, neveu et héritier du grand Andrea Doria. Selon un premier projet, elle aurait dû être décorée de tableaux retraçant la geste des Doria en général et d’Andrea en particulier. Mais il avait finalement été décidé d’orner la voûte de stucs, avec des corniches et des modénatures classicisantes, des oculi et des statues en ronde-bosse.

La “Galerie dorée”
La restauration de la galerie, gravement endommagée par les bombes en 1944, a révélé une série de paysages peints à fresque dans des tons azurés, repris dans les oculi latéraux. La partie centrale est occupée par l’Allégorie de la Renommée, attribuée à Giulio Benso, peintre gênois du XVIIe siècle qui affectionnait les jeux de perspective. Comme dans la Loggia des Héros, la figure allégorique domine les héros de la famille Doria en habits militaires romains. Sous le lourd crépi de couleur ocre, dont les stucs avaient été recouverts pendant le séjour de Napoléon au palais, sont apparues une polychromie délicate et une riche dorure, d’où le nom de “Galerie dorée” que lui avait donné Giovanni Andrea Ier. Sur les murs sans décor a été replacée la tenture de la Bataille de Lépante, commandée par Giovanni Andrea, qui avait participé à l’affrontement naval en tant qu’amiral. Ces tapisseries, dont les cartons sont conservés dans le palais, ont été dessinées par Lazzaro Calvi et Luca Cambiaso, puis exécutées dans un atelier de Bruxelles entre 1581 et 1591.

La restauration de la chapelle – elle aussi endommagée en 1944 – a mis au jour des vestiges de la décoration, et notamment des stucs élégants représentant saint Jean l’Évangéliste portant le calice de poison offert par le Grand Prêtre de la Diane à Éphèse, ainsi que les Sibylles. La chapelle abrite aussi Le Martyre de saint Julien de Giovan Battista Gaulli, dit il Baciccia, récemment restauré. Cette œuvre, que l’on considérait comme perdue, était en fait conservée dans les réserves de la Galerie Doria Pamphili, à Rome.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : Le jour se lève sur la Galerie du Ponant

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque