Architecture

L’actualité du paysage

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 2 septembre 2009 - 527 mots

Le bâti et son environnement en Europe

Trois ans après Fieldwork paraît le deuxième volume consacré à l’architecture du paysage en Europe, publié sous la direction de la Fondation Landscape Architecture Europe (LAE). Il s’intitule cette fois On Site et constitue tout bonnement, comme l’écrit Meto J. Vroom, professeur émérite de la chaire de paysage à l’université de Wageningen (Pays-Bas) et président de la Fondation LAE, « un tour d’horizon des meilleurs projets d’aménagements du paysage du XXIe siècle en Europe ». Du nord au sud du Vieux Continent sont ainsi décortiqués près d’une cinquantaine de projets, achevés ou en cours, lesquels illustrent, chacun à leur manière, cette délicate question que représente l’inéluctable transformation des territoires, notamment des espaces non urbanisés. Le livre mélange des situations plutôt sérieuses, comme les aménagements extérieurs d’une ancienne cokerie (agence Ter, parc de Zollverein, Essen, Allemagne) ou la conception d’un nouveau parc urbain (Gross. Max Landscape Architects, avec Piet Oudolf, Pottersfields Park, Londres, Angleterre), et d’autres beaucoup plus insolites. Ainsi de ce projet conçu à Saint-Gall (Suisse) par l’artiste Pipilotti Rist en collaboration avec l’architecte Carlos Martinez pour les espaces publics du siège de la banque helvète Raiffeisen. Baptisé « City Lounge », il consiste en une surface de caoutchouc d’un rouge flamboyant qui se déploie telle de la lave entre l’ensemble des édifices, devenant par moments mobilier urbain. Plus poétique encore est l’installation éphémère signée par la firme batave West 8. Cette dernière a littéralement recouvert d’un manteau de pommes de pin, murs compris, l’un des jardins du monastère chartreux de Padula (Italie). Magique !

Appréhension sensible
De l’approche urbaine sourd souvent une extrême technicité. On Site, au contraire, fait la part belle à une appréhension sensible de l’espace. Ainsi en est-il de ce point de vue planté par Inge Dahlman au bord de la route nationale E10, sur les îles Lofoten (Norvège), ou encore de cette autre très belle réalisation : l’accès et le sentier imaginés par l’agence ibère RCR Arquitectes au cœur du parc national volcanique Pedra Tosca, à Les Preses (Espagne). Pour chaque projet, une petite « fiche technique » indique, outre le nom des concepteurs : programme, maîtres d’ouvrage, superficie, période de conception, période de réalisation et budget. Si les douze essais – signés par des spécialistes du paysagisme européen : architectes, paysagistes et/ou enseignants — qui ponctuent l’ouvrage apportent (souvent) un éclairage bienvenu, la qualité des photographies laisse parfois à désirer et la maquette est franchement laide, en raison notamment de ces inutiles liserés noirs et redondants.
À Bordeaux, l’architecte-paysagiste Michel Corajoud a serti sur une rive de la Garonne un déjà fameux « Miroir d’eau », étonnante surface liquide de 3 450 mètres carrés. Sa belle idée, et c’est sans doute ce qui avait séduit le jury au moment du concours, était de voir s’y refléter la façade classique de la Bourse du commerce. Sauf que de ce côté-ci du fleuve, c’est malheureusement l’architecture moins reluisante de la rive opposée qui fait office de reflet. Comme quoi la réalité estompe parfois le rêve.

On Site. L’architecture du paysage en Europe, coéd. Actes Sud, Arles/LAE Foundation, Wagenigen (Pays-Bas), juillet 2009, 272 pages, 55 euros, ISBN 978-2-7427-8294-9.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°308 du 4 septembre 2009, avec le titre suivant : L’actualité du paysage

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