Litige

Beaubourg jusqu’au-boutiste

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 10 juillet 2009 - 533 mots

Le Centre Pompidou a fait saisir début juin les comptes du Site de création contemporaine installé à Paris dans le Palais de Tokyo.

PARIS - Le Centre Pompidou serait-il mauvais perdant ? Brûlerait-il ses dernières cartouches faute d’avoir réussi à annexer les friches du Palais de Tokyo ? On peut le penser puisque, début juin, il a fait saisir le compte bancaire du Site de création contemporaine sis au Palais de Tokyo. La saisie porte sur la somme de 150 000 euros. En tant que syndic du bâtiment, le Centre Pompidou estime que le Site de création contemporaine ne s’est pas acquitté de son loyer annuel porté à environ 80 000 euros et correspondant à l’année 2008 et au premier trimestre 2009. Le contentieux ne date pas d’hier. L’an dernier, le Site de création contemporaine avait refusé de payer cette charge, estimant que Beaubourg n’avait pas assumé ses fonctions d’affectataire du bâtiment. Celui-ci avait en effet refusé de régler une facture d’un montant de 88 000 euros pour les travaux de remise en sécurité du site, travaux exigés par une commission de sécurité dont il avait pourtant lui-même demandé le passage. Finalement, la délégation aux Arts plastiques avait ouvert les cordons de la bourse pour financer les travaux. « Ils n’ont jamais fourni au ministère d’attestation, de preuve écrite avérée de ce qu’ils prétendent être des travaux à effectuer, affirme Agnès Saal, directrice générale du Centre Pompidou. Quand on aura le détail précis, on pourra aviser. » « Qu’ils ne nous fassent pas croire qu’ils ne savaient rien des travaux à faire, fulmine Pierre Cornette de Saint Cyr, président du Site de création contemporaine. Beaubourg se couvre de ridicule en bloquant les comptes de l’association qu’il met ainsi en difficulté. En tant que syndic, le Centre Pompidou n’a rien fait pour nous sauf bloquer nos projets. »

Légalement, le Centre Pompidou est dans son droit. Mais sur la forme, la méthode est discutable. Il n’est pas anodin que l’établissement public en soit venu à ces extrémités quelques jours après la décision prise en Conseil des ministres de réaffecter le bâtiment du Palais de Tokyo au ministère de la Culture. Dans la foulée, le projet d’une plateforme pour la création française chapeautée par le Centre Pompidou avait été retoqué au profit de celui du délégué aux Arts plastiques, Olivier Kaeppelin (lire le JdA no 304, 29 mai 2009, p.5). « Ce sont deux choses distinctes, déclare Agnès Saal. On ne peut pas détourner la question, ils doivent un loyer et celui-ci n’a pas été payé après de multiples relances. À un moment, il n’y a pas d’autres choix que de procéder à un recouvrement contentieux. Il s’agit d’une réalité objective et comptable. Une dette est une dette. » La somme devant être transférée sur les comptes du Centre Pompidou le 9 juillet, le Palais de Tokyo envisage un recours. Une réunion de conciliation est prévue le 26 juillet Rue de Valois. D’après un observateur, il « faudrait une décision politique, car si l’on s’en tient au juridique, il y en a pour cinq ans de bataille ». Enfin, il semble urgent d’accélérer le processus de réaffectation au ministère des murs du Palais de Tokyo.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°307 du 10 juillet 2009, avec le titre suivant : Beaubourg jusqu’au-boutiste

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque