Jean-Pierre Besch, commissaire-priseur et dirigeant de SVV, Cannes

« Se différencier de mes confrères »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 juillet 2009 - 721 mots

Comment vous est venue l’idée, il y a vingt ans, d’organiser des ventes aux enchères estivales dans un grand hôtel cannois ?
Après avoir été deux ans commissaire-priseur à Lyon de 1987 à 1989, je me suis installé à Cannes. À cette époque, pour me démarquer du marché parisien, j’ai voulu organiser des ventes publiques en août, un mois inactif dans la capitale mais également sur la Côte d’Azur. Seuls mes confrères de Honfleur, Biarritz et Deauville tenaient des enchères à cette période de l’année. Pour sortir du classique hôtel de ventes, je me suis inspiré de ce que faisait Me Georges Blache. Il avait créé dans les années 1970 « Les Floralies », des vacations qui se tenaient le week-end à l’hôtel Rameau à Versailles et qui étaient beaucoup plus ouvertes aux particuliers que ne l’était l’hôtel Drouot, à Paris.
J’ai dirigé mes premières ventes à l’hôtel Palm Beach de Cannes de 1989 à 1992, avant de migrer en 1993 à l’hôtel Martinez. Dans la foulée, j’ai mis en place d’autres vacations de prestige pendant les congés de Noël et à Pâques, deux autres créneaux peu exploités dans le calendrier national des ventes publiques. Au départ, mes confrères parisiens n’y croyaient guère. Maintenant, certains d’entre eux font la même chose, à l’hôtel Carlton de Cannes par exemple.

Quelles spécialités vos ventes de prestige couvrent-elles ?
L’autre nerf de la guerre a été aussi de me différencier de mes confrères par le contenu de mes ventes, avec des tableaux impressionnistes, modernes et contemporains, un domaine que j’aime particulièrement.
En tant que bourguignon, j’ai également une culture du vin. J’ai donc lancé les ventes de vins de prestige en 1998, avec l’expert Pascal Kuzniewski. Là encore, on m’a dit que j’étais fou de vendre du vin en août. Aujourd’hui, je dirige la deuxième société de ventes en France pour les vins, soit la première en province (hors ventes de Beaune). Enfin, ma troisième spécialité porte sur les bijoux et les montres, parce que la région est un peu « show off ».
Par ailleurs, j’ai une activité classique de commissaire-priseur menant des inventaires, s’occupant de successions et d’expertises de collection. Je dispose d’une salle de ventes cannoise essentiellement dédiée à la dispersion de fonds successoraux. Mais 90 % de mes ventes se déroulent au Martinez.

Qui sont les vendeurs et acheteurs à l’hôtel Martinez ?
J’ai beaucoup de vendeurs parisiens et j’ai aussi un fonds de collectionneurs locaux. 25 % à 30 % des lots sont vendus au public présent dans la salle. Les œuvres les plus importantes (y compris pour les vins de collection) partent pour 50 % d’entre elles chez des acheteurs parisiens ou à l’étranger. Ce sont par exemple des Russes qui ont acheté un tableau fauve d’Auguste Chabaud il y a deux ans pour 143 000 euros, un record mondial pour l’artiste. Les vins viennent de partout en France. Pour les grands crus, j’ai aussi des acheteurs chinois depuis trois ans et des amateurs finlandais depuis cinq ans.

Organisez-vous un événement particulier pour vos vingt années de présence à Cannes ?
J’ai pensé un temps marquer cet anniversaire par un événement particulier avant de me raviser. Je n’ai pas voulu paraître trop tapageur en cette période de crise. Je perpétue ce que j’ai acquis en organisant de belles ventes de qualité.

Comment travaillez-vous dans ce contexte difficile ?
Aujourd’hui, cela n’est pas facile de trouver des œuvres d’art. Et quand on les trouve, il est souvent difficile d’obtenir des prix attractifs. Le marché est devenu plus sélectif. L’amateur a parfois une meilleure connaissance que le professionnel généraliste. C’est la raison pour laquelle, si on veut tenir lorsqu’on est une petite ou moyenne structure, on doit être spécialisé et garder des particularités. Je constate néanmoins que le vin reste un placement intéressant. Entre 2000 et 2008, les grands crus de Bourgogne et de Bordeaux ont connu près de 30 % de plus-value. À présent, j’ai noté seulement un petit tassement pour les bordeaux, à cause du retrait des fonds d’investissement américains.

VENTES ANNIVERSAIRES : « Vins prestigieux et alcools » le 14 août, « Art moderne et contemporain » le 15 août et « Bijoux et montres » le 16 août, dans les salons de l’hôtel Martinez, 73, bd de la Croisette, 06400 Cannes, SVV Besch, tél. 04 93 99 22 60, www.cannesauction.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°307 du 10 juillet 2009, avec le titre suivant : Jean-Pierre Besch, commissaire-priseur et dirigeant de SVV, Cannes

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