New York regarde vers l’Europe

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 9 juillet 2009 - 522 mots

Au terme d’une saison hoquetante, l’Europe semble plus épargnée par la crise que les États-Unis.

Du moins si l’on fait abstraction des acheteurs russes, lesquels, exception faite de Roman Abramovitch, paraissent s’être évaporés.
À la Foire de Bâle en juin, la galeriste Barbara Gladstone (New York) a ainsi fait la plus grosse partie de ses transactions avec des Européens. « Ils ont acheté au même niveau de prix que celui que les Américains étaient autrefois prêts à payer. Ils semblent plus confiants », confiait Maxime Falkenstein, directeur de la galerie Gladstone. Son confrère David Zwirner apporte toutefois un bémol : « Dans le top du top, pour des œuvres au-dessus de 10 millions de dollars, il y a plus de clients américains. Mais entre 1 et 5 million(s) de dollars, les Européens et les Américains sont au coude-à-coude. » L’an dernier, la clientèle européenne de la galerie Zwirner avait progressé de 20 % à 30 %, partiellement en raison du taux de change euro/dollar. Cette année, celle-ci représente 50 % de son chiffre d’affaires. Grâce à un socle d’amateurs géographiquement plus varié, les galeries new-yorkaises les plus puissantes tirent encore leur épingle du jeu. La plupart, comme Sean Kelley (New York), ont même constaté une légère reprise entre mai et juin. En revanche, les plus jeunes enseignes, soumises à une clientèle locale, n’en mènent pas large. Le quotidien The New York Times rapportait récemment que les revenus de la galerie Bellwether (New York) ne représentaient plus que 20 % de ce qu’elle percevait avant la crise, ceci en raison du retrait de cinq de ses gros collectionneurs locaux.

S’installer en Europe
Le pourtant fortuné Charles Cowles (New York) a pour sa part décidé de fermer ses portes. « Jusqu’en septembre dernier, les Américains représentaient plus de la moitié du marché de l’après-guerre, rappelle le courtier Philippe Ségalot. Maintenant, c’est carrément moins. » Ces derniers se révèlent plus vendeurs qu’acheteurs. Représentatif d’une génération de nouveaux clients (et de nouvelles fortunes), le hedge funder [gestionnaire de fonds spéculatif] Daniel Loeb a cédé un œuf de Jeff Koons pour 5,5 millions de dollars chez Sotheby’s en mai. Autrefois très agressif sur le marché, le financier David Ganek est quant à lui aux abonnés absents. « Il y a avant tout une différence entre les collectionneurs de longue date et ceux récents, précise Philippe Ségalot. Ceux qui avaient été rejetés du marché à l’époque des excès reviennent dans la course. Certains comme Eli Broad ont compris que c’est un moment favorable pour acheter. »
Quoi qu’il en soit, les marchands américains guignent de plus en plus vers le Vieux Continent. Les collectionneurs ne sont pas leurs seules cibles. Financés par des fonds majoritairement publics, les musées européens sont moins en état de choc que les institutions américaines, obligées de réduire leur personnel. De manière avisée, Gladstone a ouvert une antenne à Bruxelles l’an dernier. David Zwirner confie son souhait de s’étendre en Europe d’ici deux à cinq ans. Le marchand Larry Gagosian semble avoir jeté son dévolu sur Paris. Récemment, il a visité différents espaces en vue d’ouvrir une galerie dans la capitale française… À suivre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°307 du 10 juillet 2009, avec le titre suivant : New York regarde vers l’Europe

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