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Patrimoine

Retrouver le sacré

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 7 juillet 2009 - 540 mots

Pour sa réouverture après restauration, la Sainte-Chapelle du château de Vincennes accueille des icônes venues de Bulgarie

VINCENNES - Gravement endommagée par la tempête de 1999, la Sainte-Chapelle du château de Vincennes (Val-de-Marne), fondée par Charles V en 1379 et achevée par Philibert De l’Orme en 1552, a fait l’objet de deux campagnes de restauration dont la dernière s’est achevée en janvier 2009. D’un coût total de 4 millions d’euros, les travaux se sont d’abord concentrés sur les baies de la nef avant de se porter sur les voûtes et les parements. Le décor du XVIe siècle a ainsi pu être restitué après suppression du badigeon gris qui le recouvrait. Pour la réouverture du château de Vincennes, le Centre des monuments nationaux, qui le gère (lire l’encadré), a fait venir de Bulgarie des œuvres d’art considérées comme les incarnations des saints, du Christ et de la Vierge qu’ils représentent. Les icônes aujourd’hui dévoilées au sein de la Sainte-Chapelle de Vincennes proviennent pour la majorité d’entre elles de la Galerie nationale des beaux-arts de Sofia, mais aussi des musées d’Histoire de Preslav, Choumen et Véliko Tarnovo. Sans oublier l’Institut ecclésiastique d’histoire et d’archivage de Sofia, qui prête sept manuscrits (du XVe au XVIIe siècle). Axinia Djourova, directrice du Centre de recherches slavo-byzantines (Sofia), rappelle à cet égard dans le catalogue « l’appartenance linguistique des Slaves à l’Europe », quand il est surtout question de racines communes avec Byzance (330-1453) puis avec l’Empire ottoman à partir du XVe siècle. « La Bulgarie invente le premier modèle de culture et de civilisation slaves directement inspiré de l’Empire byzantin », précise ainsi Axinia Djourova. C’est sur ce « modèle » que se construira l’histoire des Balkans. En 864, les Bulgares se convertissent au christianisme, mais l’icône était déjà apparue sur leur territoire. Les plus anciennes aujourd’hui conservées remontent aux IXe et Xe siècles. À l’instar de l’icône en céramique de saint Théodore de Patleyna, conservée à Preslav, qui ouvre cette visite pour laquelle le mode chronologique s’est imposé. La scénographie a été imaginée comme une « galerie des icônes » reprenant la structure de l’iconostase, élément essentiel du rite de l’église orthodoxe. Espace cloisonné et calfeutré au cœur de la Sainte-Chapelle, cette structure de bois offre au visiteur un face-à-face intimiste avec les icônes. Le procédé permet en outre de respecter les règles de conservation qui s’appliquent aux pièces les plus anciennes, datant du XIIe au XIVe siècle, tel Le Conseil des archanges, commandé en 1340 par le tsar Ivan Alexandre. Parfois dans un très mauvais état de conservation, ces vieilles icônes portent les marques du temps et la mémoire de ceux qui se sont prosternés, ont prié et brûlé des cierges à leurs pieds. L’alchimie fonctionne parfaitement entre le lieu d’exposition, gigantesque châsse conçue pour abriter les reliques de la Passion du Christ, et des objets eux-mêmes vénérés à l’égal de saints.

ICÔNES BULGARES

Nombre de pièces : 91
Commissaire : Boris Danaïlov, directeur de la Galerie nationale des beaux-arts de Bulgarie
Scénographie : Gérald Gribé, architecte DPLG

LES TRÉSORS DES ICÔNES BULGARES, jusqu’au 30 août, château de Vincennes, Sainte-Chapelle, avenue de Paris, 94300 Vincennes, tél. 01 48 08 31 20, tlj, 10h-18h. Catalogue, Éditions du patrimoine, 104 p., 20 euros, ISBN 978-27577-0062-4.

Psyché dans les monuments nationaux

Le Centre des monuments nationaux, qui gère une centaine de sites en France, explore cet été au château d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), le mythe de Psyché à travers nombre d’œuvres et objets d’art, parmi lesquels une tenture bruxelloise de la Renaissance exécutée d’après Giovanni Battista Castello. Dispersée dans divers lieux (Azay-le-Rideau, le Victoria & Albert Museum à Londres et la National Gallery of Scotland à Édimbourg), elle a été reconstituée pour l’occasion. Citons également des huiles signées Boucher, Greuze, Coypel, et des pièces prêtées par la Manufacture de Sèvres. Cinq autres monuments nationaux reprennent à leur compte le destin tragique de l’héroïne mythologique dont les aventures continuent de fournir une source d’inspiration aux artistes. Le château de Chantilly propose ainsi à ses visiteurs une exposition-dossier autour des vitraux créés pour le connétable de Montmorency, tandis que l’hôtel des princes de Rohan-Soubise, à Paris, évoque le décor réalisé par le peintre Natoire pour son salon Ovale. Enfin, les châteaux de Fontainebleau, Pau et Sully-sur-Loire sortent des réserves des tentures et tapisseries sur la princesse qui devint déesse.

Informations : www.monuments-nationaux.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°307 du 10 juillet 2009, avec le titre suivant : Retrouver le sacré

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