SVV Osenat

Le triomphe de Fontainebleau

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 juin 2009 - 508 mots

Succès pour une collection française d’œuvres abstraites des années 1950-1960.

FONTAINEBLEAU - Le 14 juin, le commissaire-priseur bellifontain Jean-Pierre Osenat dispersait l’une des vacations les plus alléchantes de la saison française. Il s’était vu confier la vente de la succession d’un médecin parisien qui avait acquis, entre 1950 et 1965, 23 tableaux et œuvres sur papier de l’école abstraite d’après-guerre à la galerie parisienne Jacques Dubourg, grand découvreur de talents dans les années 1950. Ces œuvres, dotées de cette excellente provenance, étaient présentées dans leur cadre d’origine, en parfait état de conservation. Elles étaient de plus toutes à vendre sans prix de réserve, avec, à titre indicatif, des estimations en adéquation avec les prix du marché. Le commissaire-priseur a largement communiqué sur sa vente. À grand renfort de publicité, il a réussi à faire venir à l’exposition, et même pendant la vente, les meilleurs  marchands et collectionneurs américains, canadiens, français et italiens férus d’œuvres signées Joan  Mitchell, Nicolas de Staël, Jean-Paul Riopelle, Georges Mathieu ou encore Sam Francis. Non sans quelques appréhensions cependant, à cause du « taux du dollar qui est à 1,40 euro » et de « l’état d’esprit des acheteurs consistant à ne pas faire monter les enchères pour réaliser de bonnes affaires », dixit l’intéressé.

Une vente saine
Mais la qualité des œuvres proposées a eu raison de ces difficultés. « L’origine des œuvres, leur état impeccable, leur nouveauté sur le marché et l’absence de prix de réserve : tout cela était très excitant. La vente était saine d’où son succès », témoigne le marchand parisien Dominique Bert, enchérisseur pour le compte d’un amateur français. Tous les lots ont trouvé preneur au-dessus des attentes, pour 4,8 millions d’euros de recette. La vente a mobilisé un minimum de dix lignes téléphoniques par lot, jusqu’à quarante téléphones pour les Sam Francis. L’enchère la plus élevée a récompensé une peinture de 1961 de Joan Mitchell, Le Chemin des écoliers II, acquise par un particulier français pour 720 000 euros, son estimation. Trois autres toiles de l’artiste ont été emportées entre 331 250 et 412 500 euros, à leur estimation haute ou au-delà. Les œuvres de Riopelle, ardemment disputées par des Canadiens, ont doublé leur estimation basse, tel Sarsapilla (1960), vendu 212 500 euros. Nature morte au marteau (1954), tableau très noir exécuté par de Staël peu de temps avant son suicide, a été adjugé 625 000 euros, soit 50 % au-dessus de son estimation haute. Il a été emporté par le libraire et courtier Jean-Claude Vrain pour le compte d’un collectionneur européen. Les enchères se sont aussi envolées pour deux collages de l’artiste. L’un, daté de 1953, a été cédé 105 000 euros, plus de trois fois son estimation haute, soit un record mondial pour un collage de Staël. Quatre aquarelles et gouaches sur papier de Sam Francis ont triplé leur estimation, allant jusqu’à 175 000 euros pour une tempera de 1958, estimée au mieux 50 000 euros. Enfin, le tableau Apollodore s’oppose aux Gaulois (1959) de Georges Mathieu est monté à 156 250 euros, doublant son estimation.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°306 du 26 juin 2009, avec le titre suivant : Le triomphe de Fontainebleau

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