Ventes aux enchères

Arts d’Asie

Vente Vérité, suite

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 10 juin 2009 - 594 mots

Enchères Rive Gauche dispersera le 18 octobre à Drouot Richelieu la collection d’art asiatique des marchands Pierre et Claude Vérité. Quatre-vingt-seize lots – parmi lesquels un grand bronze khmer du Xe siècle –, estimés entre 2 et 3 millions d’euros, seront proposés aux enchères. Un ensemble inédit.

PARIS - Décidément, les marchands Pierre et Claude Vérité ont cultivé le goût du secret. Totalisant 44 millions d’euros, leur collection d’art primitif avait déjà défrayé la chronique en 2006. Personne ne pouvait alors imaginer l’ampleur de cette collection au vu des vitrines modestes de leur galerie baptisée Carrefour. Mais les amateurs ne sont pas au bout de leur surprise. La maison de ventes Enchères Rive Gauche, ordonnateur de leur première vente, dispersera le 18 octobre à Drouot Richelieu leur collection d’art asiatique, dont personne ne soupçonnait à ce jour l’existence. Une vacation certes bien plus modeste, composée de quatre-vingt-seize lots estimés entre 2 et 3 millions d’euros.
Les Vérité ont commencé à acheter de l’art asiatique dès les années 1930. « À l’époque, tous les marchands comme Ratton ou Bing faisaient aussi bien de l’art asiatique que de l’art africain ou de la Haute époque. C’était considéré comme de la haute curiosité », souligne le marchand Antoine Barrère, expert de la vente. En achetant des sculptures bouddhiques et hindouistes épurées ou baroques, les Vérité se démarquent du goût ambiant, porté alors sur la porcelaine, les laques et autres netsuke. « Il n’y a rien de décoratif dans cette collection. Ces objets ont été faits à une époque où le sentiment religieux était très fort et vibrant. C’est sans doute le fil conducteur entre leurs objets d’art africain et ceux d’art asiatique, poursuit Antoine Barrère. C’est la période d’épanouissement du bouddhisme en Chine et l’apogée de l’hindouisme en Inde. »

Estimations atrractives
Néanmoins les modes d’hier ne sont pas si différentes de celles d’aujourd’hui. La statuaire reste un marché ardu, malgré les bons résultats enregistrés par la succession Robert Schrimpf en 2007 chez Fraysse & Associés. « C’est un marché qui n’est pas facile car il n’est pas alimenté. Il y a peu de collectionneurs car il y a peu d’objets. Mais quand il y a de belles pièces avec une provenance, cela fait de bons prix », observe Marie-Laure Amrouche, actionnaire d’Enchères Rive Gauche. Aussi la maison de vente table-t-elle sur des estimations attractives pour ne pas dire prudentes, jouant le grand écart entre des danseuses célestes thaïlandaises du XIXe siècle estimées à quelques milliers d’euros, et un grand bronze khmer du début du Xe siècle représentant Shiva, évalué à 300 000-400 000 euros. Cette pièce rarissime pourrait d’ailleurs intéresser le Musée Guimet qui n’en possède pas de cette période. Une dizaine d’œuvres majeures se détachent du lot, tel un grand Buddha d’époque Ming en bronze doré, estimé 250 000 à 350 000 euros. Celui-ci pourrait d’ailleurs flatter l’attrait actuel des Chinois pour les bronzes dorés.
La vente ne risque-t-elle pas d’encourir des réclamations de la Chine, comme ce fut le cas pour les deux têtes de rat et de lapin issues de la Cité interdite et proposées dans la vente YSL-Pierre Bergé ? « Il n’y a pas de risque. Il n’y a que deux objets impériaux dans la vente, un bodhisattva sur un lion et un éventail en cuivre doré, indique Antoine Barrère. Je n’ai pas de crainte car les objets impériaux passent par milliers dans les ventes. Les seuls problèmes qu’on ait vus, c’est avec les têtes du zodiaque, car c’est le symbole criant de l’humiliation qu’a connue la Chine en 1860. »

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°305 du 12 juin 2009, avec le titre suivant : Vente Vérité, suite

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque