Avant-goût

Metz… aujourd’hui et demain

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2009 - 714 mots

Un an avant son ouverture, le Centre Pompidou-Metz essaime un programme de préfiguration dans la ville, en liaison avec les institutions messines.

METZ - La première exposition du « Centre Pompidou-Metz », dont la date précise d’ouverture, d’ici un an, doit être communiquée prochainement, s’intitulera « Chefs-d’œuvre ? ». Elle promet selon Laurent Lebon, directeur de l’Association de préfiguration du Centre Pompidou-Metz et chargé de l’établissement, d’interroger cette notion floue à travers une sélection de cinq cents œuvres venues de la collection du Musée national d’art moderne.
Des chefs-d’œuvre, la ville de Metz (Moselle) en laisse transparaître quelques-uns en prélude avec la manifestation « Constellation », qui essaime des travaux et installations dans des lieux patrimoniaux phares et des structures culturelles messines associées, jusque dans la sélection.
Occasion est ainsi faite de sortir des réserves de l’institution parisienne des œuvres que leur nature, leur taille ou leur complexité ne leur permettent pas d’y être montrées. À l’instar de la désormais culte Line Describing a Cone (1973) d’Anthony McCall, visible dans l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains, qui requiert un espace susceptible d’être empli de fumée, ou de L’Enfer, un petit début (1984), immense installation de Jean Tinguely regroupant une soixantaine de sculptures animées, toutes liées à des moments de sa vie. L’ensemble du dispositif a été remonté dans l’ancien bar de la gare. Tandis que les locaux du FRAC [Fonds régional d’art contemporain] Lorraine sont littéralement envahis, extérieur compris, par une magnifique et tentaculaire installation de Cildo Meireles, La Bruja (1979-1981). Près de 5 000 kilomètres de fil noir serpentent dans l’édifice, générant çà et là des formes jusqu’au coup de théâtre final, qui constitue en outre l’origine de l’œuvre : la découverte d’un balai !
Deux commandes d’œuvre in situ ont également été passées. Daniel Buren a ainsi couvert la principale rue commerçante d’une multitude de fanions rayés (5 610 flammes colorées pour un arc-en-ciel, 2009). Et Felice Varini a touché juste en faisant une nouvelle fois montre d’une parfaite compréhension des lieux. À un coin de la place d’Armes, construite au XVIIIe siècle afin de concentrer tous les édifices de pouvoir à proximité de la cathédrale, il a installé un jeu d’ellipses tronquées (Cinq ellipses ouvertes, 2009) : une belle réussite !
Cette opération est en outre l’occasion, au-delà de la découverte d’un patrimoine messin méconnu, d’aller à la rencontre de diverses structures culturelles. Ainsi la galerie associative Octave Cowbell propose-t-elle un atelier ouvert de graphisme où l’on s’interroge sur l’identité visuelle institutionnelle. De son côté, le centre d’art Faux Mouvement a invité Vincent Lamouroux à réaliser une sculpture au sol qui met en jeu le centre de gravité de chacun (Sol.06, 2009) ; une pièce qui sera présentée à l’automne au Centre Pompidou à Paris.

Technique marketing
Au cours du week-end de lancement de la manifestation, du 15 au 17 mai, se sont greffés des performances (Martin Creed, Gianni Motti…) et des événements autour de la danse (Jean-Baptiste André, Jérôme Bel…) ou de la musique (Ensemble Stravinsky, Ryoji Ikeda, Planning to Rock…). Un programme qui perpétue l’esprit pluridisciplinaire de l’institution mère auprès de la succursale messine.
Le calendrier de cette opération est plutôt bien calculé, avec un édifice devant être livré à l’automne. Surtout, fine mouche, Laurent Lebon a bien compris que l’année qui nous sépare de l’ouverture doit être mise à profit pour accentuer la mise en œuvre d’une synergie avec les différents partenaires locaux afin de créer une dynamique élargie, qui n’assurera que mieux l’ancrage du Centre Pompidou-Metz.
En outre, « Constellation » permet de préparer le public à l’ouverture de l’établissement en attisant sa curiosité, ce qu’en langage marketing on qualifie de « teasing ». Le public extérieur, qui commence à voir des occasions de se rendre à Metz. Mais aussi le public local dont la curiosité va croissant, ainsi qu’en témoigne la fréquentation de la Maison du projet, située aux abords du chantier. Or il est notoire que l’adhésion des populations locales à des projets de cet ordre, dont elles tirent des motifs de fierté, les transforment en d’efficaces ambassadeurs mais apportent également, le cas échéant, des arguments de négociation vis-à-vis des pouvoirs publics, qui sont aussi les bailleurs de fonds.

CONSTELLATION, jusqu’au 4 octobre, divers lieux à Metz. Informations : www.centre pompidou-metz.fr.

CONSTELLATION

Nombre d’expositions : 15
Nombre d’événements : 35

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°304 du 29 mai 2009, avec le titre suivant : Metz… aujourd’hui et demain

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