Une nouvelle piste pour le Caravage de San Lorenzo

L’église de Palerme attend toujours son tableau

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 16 janvier 1998 - 462 mots

Pour mettre fin aux vols à répétition et redonner vie à un édifice délabré, des travaux ont été entrepris dans l’Oratoire de San Lorenzo, à Palerme, voici bientôt dix ans. Alors que débute la dernière phase de ces interventions, les recherches pour retrouver le tableau de Caravage dérobé en 1969 se poursuivent et les hypothèses les plus folles continuent de circuler.

PALERME (de notre correspondant). L’Oratoire de San Lorenzo renaît après des années de dégradation, d’incurie et d’abandon. Les travaux sur la structure du bâtiment à peine terminés et l’ouverture au public assurée, la restauration des stucs devrait s’engager prochainement. Les murs de l’oratoire, mitoyen de l’église San Francesco, sont en effet ornés d’une série de huit “petits théâtres” en haut-relief, chef-d’œuvre du sculpteur Giacomo Serpotta (1656-1732). L’instal­lation de grilles de fer aux fenêtres comme sur la coupole et d’un système antivol adéquat est également prévue. Ces aménagements devraient permettre de clore la liste des œuvres dérobées dans l’oratoire. Après le vol retentissant de la Nativité avec saint François et saint Laurent (1609) de Caravage, en 1969, les tribunes des chantres en bois doré sculpté ainsi que les bancs marquetés de nacre et de bois précieux ont également disparu. Manquent aussi à l’appel un grand retable du XVIe siècle représentant la Crucifixion et une statue en bois du XVIIe de l’Im­maculée Conception. Sans oublier le vol récent de la Tentatrice de Serpotta. Lorsque les restaurations seront terminées, ce fleuron du Baroque palermitain sera utilisé pour des événements culturels et des concerts.

Pendant ce temps, l’enquête se poursuit pour retrouver la Nativité de Caravage, une grande toile de 197 x 268 cm. L’année dernière, lors du procès Andreotti, le mafieux “repenti” Francesco Marino Mannoia a déclaré qu’elle avait été volée par la Mafia pour en faire don à l’ex-président du Conseil, mais qu’elle avait été détruite pendant le cambriolage. Les policiers de la Brigade de surveillance du patrimoine artistique restent persuadés que le tableau est en réalité caché quelque part, peut-être à l’étranger. Une centaine de commissions rogatoires internationales ont donc été adressées au Japon, aux États-Unis, en Angleterre, en Espagne, en Allemagne, au Lich­tenstein, en Suisse...

Le journaliste anglais Peter Watson propose quant à lui une version totalement différente. Dans The Caravaggio Conspi­racy, il soutient que la Mafia n’est plus en possession du tableau. Celui-ci aurait été vendu par un marchand anglais et, après diver­ses péripéties, aurait été détruit pendant le tremblement de terre de l’Irpinia en 1980. À ces suppositions s’ajoute le témoignage, en 1978, de l’agent américain de la DEA, Tom Tripodi. Infiltré dans des familles mafieuses pour enquêter sur le trafic de stupéfiants avec les clans américains, il aurait eu des informations sur l’œuvre. Une dernière piste mène à Johannesbourg, où elle aurait été acquise contre paiement en diamants.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Une nouvelle piste pour le Caravage de San Lorenzo

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