Tourisme

Le pacte de Chaillot

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2009 - 521 mots

« La Colline des musées » scelle l’union des Palais de Tokyo, MAMVP, Cité de l’architecture et Quai Branly

PARIS - Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, le Palais de Tokyo, le Musée du quai Branly et la Cité de l’architecture et du patrimoine ont décidé de proposer un droit d’entrée commun à leurs quatre institutions à travers une opération baptisée « La Colline des musées. La création dans tous ses états ». Cette appellation se résume, pour l’heure, à une simple opération touristique : en s’acquittant du droit d’entrée de l’un de ces établissements, le visiteur bénéficie ensuite de tarifs réduits dans les deux autres et d’une gratuité dans le dernier. Le but, avoué, est d’augmenter la fréquentation des visiteurs étrangers, particulièrement européens. Le terme de « démocratisation culturelle » employé par François de Mazières, président de la Cité de l’architecture, lors de la présentation à la presse le 7 mai, est donc quelque peu abusif. De son côté, Pierre Cornette de Saint Cyr, président du Palais de Tokyo, a eu du mal à fournir d’autres arguments que celui de la proximité géographique – la colline de Chaillot – pour justifier l’opération. Seule Henriette Zoughebi, présidente du Comité régional du tourisme Paris - Île-de-France, partenaire principal de l’opération, semblait raccord avec cette association. D’autant plus qu’aucun projet culturel commun aux quatre musées n’a pour l’heure était élaboré. « Cela viendra dans un deuxième temps, reconnaît Fabrice Hergott, directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris (MAMVP). L’idée était avant tout de franchir les obstacles administratifs qui nous séparent, que ce soient les horaires, la billetterie ou nos différents statuts. »

La situation se complique en effet si l’on prend en compte le fait que l’accès aux collections permanentes du MAMVP, structure municipale, est déjà gratuit (comme pour l’ensemble des musées parisiens) ; le billet ne concernerait donc pour ce dernier que les expositions alors qu’il donnerait accès aux collections permanentes du Quai Branly… Le sous-titre de l’opération, « La création dans tous ses états », promet par ailleurs des événements autour de la création contemporaine. Sur ce point, si le rapprochement entre le MAMVP et le Palais de Tokyo est évident, celui avec le Quai Branly ou la Cité de l’architecture et du patrimoine semble moins pertinent. Pourquoi, dans ce cas, ne pas avoir impliqué le Musée Galliera – Musée de la mode de la Ville de Paris, voisin immédiat du Musée d’art moderne et du Palais de Tokyo ? Voire le Musée Guimet, situé place d’Iéna, qui a récemment témoigné de sa volonté de s’ouvrir à des artistes contemporains ? « La porte est ouverte, venez, venez ! », a déclaré Pierre Cornette de Saint Cyr, sans souffler mot des liens stratégiques implicites souhaités à travers ce type de proposition. En faisant équipe avec le Quai Branly et la Cité, et plus encore, avec le MAMVP, le Palais de Tokyo se positionne un peu plus en dehors de la sphère d’influence du Centre Pompidou, au moment où doit se décider le devenir de ses sous-sols, et du futur centre d’art qui devrait s’y installer.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Le pacte de Chaillot

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