Trésors nationaux mexicains

Frida Kahlo et Diego Rivera réunis à Martigny

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 16 janvier 1998 - 447 mots

Pour son vingtième anniversaire, la Fondation Pierre Gianadda à Martigny propose, pour presque six mois, un ensemble exceptionnel d’œuvres du couple Frida Kahlo et Diego Rivera. Aucun des deux artistes mexicains n’avait jusqu’à présent exposé dans la Confédération helvétique.

MARTIGNY - Frida Kahlo fait figure aujourd’hui d’artiste emblématique, à la fois héroïne révolutionnaire et féministe dans l’âme, tout en étant proche dans le fond de quelques propos contemporains, de Cindy Sher­man à Kiki Smith. Ses peintures corporelles et autobiographiques annoncent, à de nombreux égards, la tendance actuelle du “Post-Human”. Née en 1907, elle a été une communiste convaincue jusqu’à sa mort, en 1954, ne s’intéressant qu’à un seul système politique : le stalinisme. Elle travaillait d’ailleurs à un portrait du Petit Père des peuples au moment de sa mort. Depuis, sa popularité n’a cessé de grandir, et elle serait sûrement amusée qu’on la considère aujourd’hui, au même titre que Diego Rivera, comme un “trésor national mexicain”. Frida Kahlo n’est pourtant venue à la peinture qu’après un terrible accident de tramway, survenu en 1925, dont elle a conservé toute sa vie des séquelles. Ses souffrances physiques lui ont inspiré un grand nombre de toiles, thème alternant avec l’évocation de ses souvenirs ou des portraits et autoportraits.

Fidèle aux couleurs vives, soignant les détails, l’artiste est restée toute sa vie proche de la culture populaire mexicaine. Frida Kahlo a longtemps et injustement été éclipsée par Diego Rivera, l’Orson Welles du mouvement muraliste mexicain. Après des études à l’École des beaux-arts de Mexico, Rivera a voyagé dès 1908 en Europe grâce à une bourse, travaillant à Madrid avant de s’installer à Paris, où il rencontre Modigliani, Juan Gris et est largement influencé par les peintres cubistes. Pourtant, son œuvre a été profondément nourrie par les fresques de Giotto qu’il découvre lors d’un voyage en Italie, en 1920-1921, juste avant de retourner dans son pays. Largement ancré dans la culture populaire mexicaine, son art s’est tourné vers les grandes compositions réalisées à même le mur, avec une technique combinant peinture à la détrempe et cire. Il a notamment réalisé des œuvres au Mexique pour le ministère de l’Éducation publique, le ministère de la Santé publique ou le Palais national, avant de bénéficier de commandes aux États-Unis. L’exposition de la Fondation Pierre Gianadda présente un ensemble de ses tableaux de chevalet, nécessairement moins ambitieux, mais qui constituent un pan non négligeable de sa production plastique. Là encore, l’iconographie est centrée sur la vie quotidienne de ses compatriotes mexicains, un milieu populaire représenté avec un réalisme toujours très coloré.

DIEGO RIVERA - FRIDA KAHLO, 24 janvier-1er juin, Fondation Pierre Gianadda, 59 rue du Forum, Martigny, tél. 41 27 722 39 78, tlj 9h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Trésors nationaux mexicains

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