Design

Adnet entre tradition et modernité

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2009 - 494 mots

La galerie Arcanes, à Paris, rend hommage au décorateur en exposant ses créations des années 1930 et 1950.

PARIS - À l’instar de la maison Dominique, Jacques Adnet est de ces créateurs prolifiques, jugés trop consensuels, et dont l’image est longtemps restée floue par méprise ou ignorance. « L’éclectisme constamment réaffirmé, cette permanente évolution surtout confèrent à son œuvre un manque de lisibilité que vient renforcer l’absence d’étude d’ensemble susceptible de fournir une image précise et exacte de son style ou plutôt de ses styles », analysent Alain-René Hardy et Gaëlle Millet dans la monographie récemment publiée aux éditions de l’Amateur. Succombant voilà quelques années à la vogue des décorateurs des années 1940, le marché n’a souvent retenu qu’une facette néo-classique de son travail. En faisant volontairement l’impasse sur cette décennie, à deux meubles près, l’exposition de la galerie Arcanes s’attache à montrer la modernité de ce créateur dans les années 1930 et 1950. Qui dit modernité ne dit pas forcément orthodoxie, encore moins avant-gardisme. Même s’il fit usage de métal et de verre, comme Herbst ou Mallet-Stevens, Adnet n’a pas rejoint l’Union des artistes modernes (UAM). Adepte du travail bien fait, il fut sans doute plus proche, par tempérament, du raffinement d’un Ruhlmann que des architectes modernistes. « Son but n’était pas de bouleverser son époque mais plutôt d’accompagner en douceur par ses créations l’évolution de son temps », confirment Alain-René Hardy et Gaëlle Millet. Sa volonté de faire rayonner l’ensemble de la corporation via la Compagnie des arts français, qu’il dirige à partir de 1928, l’a aussi conduit à développer de nombreuses collaborations. Deux tables exposées par la galerie Arcanes témoignent de son partenariat avec le céramiste Jacques Lenoble et le ferronnier Gilbert Poillerat. Des luminaires de Serge Mouille viennent rappeler qu’Adnet lui avait mis le pied à l’étrier.
Bien qu’il ait toujours préféré l’activité collective à la valorisation de l’ego, son travail n’a pas manqué d’identité. Les années 1930 se caractérisent par des pans de verre argenté, des tubes et des lames métalliques. Après une éclipse d’une décennie, le métal revient dans les années 1950. Il se gaine cette fois de cuir piqué sellier comme dans l’ensemble composé d’un lit, d’une table de chevet, d’un lampadaire et d’un siège à l’affiche chez Arcanes. Ces pièces, comme les précédentes, restent d’une sobriété cossue. D’une décade à l’autre, l’élégance et surtout le fonctionnel dominent. Cette préoccupation est visible dans une table basse triangulaire de 1955 surplombée d’un globe terrestre démontable pour être placé à un autre angle selon les besoins de l’usager. Armand Pierhal résume ce souci ergonomique dans un numéro de L’Art vivant : « Jacques Adnet n’a qu’un désir : être utile, réaliser un ensemble avant tout pratique, et exactement adapté au service qu’il est appelé à rendre. » Un credo qui inévitablement arrondit les angles.

JACQUES ADNET, jusqu’au 23 mai, Galerie Arcanes, 11, rue de Lille, 75007 Paris, tél. 01 40 20 49 59, www.galeriearcanes.fr, 14h30-19h du lundi au samedi

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°302 du 2 mai 2009, avec le titre suivant : Adnet entre tradition et modernité

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