Séoul

Le pavillon transformiste de la Fondation Prada

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2009 - 669 mots

Baptisé Transformer et inauguré le 23 avril à Séoul, le pavillon de la Fondation Prada peut accueillir des défilés de mode, des projections de films ou des expositions d’art. Imaginé par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas, l’édifice est entièrement modulable grâce à sa forme tétraèdre.

SÉOUL - Crise oblige, le monde de la mode s’interroge à nouveau sur son soutien à l’art contemporain. Le Mobile Art de Chanel imaginé par Zaha Hadid et exhibé en grande pompe, en 2008, à Hong Kong, Tokyo et New York, a fini sa course, l’automne dernier, sur un terre-plein de Central Park. Un nouvel Ovni a, lui, atterri à Séoul, sur une pelouse proche d’un palais du XVIe siècle, le Gyeonghuigung. Baptisé Transformer (prononcer à l’anglo-saxonne : transformeur) et inauguré en grande pompe le 23 avril, il a lui été conçu par une autre vedette de l’architecture mondialisée, le Néerlandais Rem Koolhaas – et son bureau, OMA –, pour la Fondation Prada. L’homme n’est pas un inconnu pour le groupe de luxe transalpin. Depuis 1999, Koolhaas a réalisé plusieurs boutiques « expérimentales » aux états-Unis et il est en charge, depuis l’an passé, de la réalisation du nouveau siège de la Fondation Prada à Milan, dont l’ouverture est fixée à 2011. « Ce nouveau projet émane de la Fondation Prada et non de la marque Prada, tient à préciser Tomaso Galli, chez Prada. Et c’est la première fois que nous réussissons à mêler en un seul et même projet des disciplines que nous soutenons depuis quinze ans : la mode, l’art, l’architecture et le cinéma. » L’édifice est un tétraèdre dont les quatre faces ont chacune une forme géométrique distincte : un hexagone, un rectangle, une croix et un cercle. Sa structure métallique pèse 180 tonnes et culmine à 20 mètres de haut. Elle est recouverte d’une membrane blanche, élastique et translucide fabriquée en Cocoon, matériau à base de PVC. « Chaque face du tétraèdre permet de générer un espace que nous considérons comme idéal pour une destination précise, explique Alexander Reichert, architecte responsable du projet chez OMA. En l’occurrence, hexagonale pour présenter la mode (sa disposition actuelle, NDLR), rectangulaire pour projeter des films, cruciforme pour exposer l’art, enfin circulaire pour montrer un défilé de mode. »

Organisme dynamique
L’édifice est aussi difficile à appréhender de l’extérieur que de l’intérieur, tant ses faces hétéroclites perturbent à l’envi le visiteur. Pour Rem Koolhaas, « contrairement à un objet statique qui remplit arbitrairement un programme, le Prada Transformer est un organisme dynamique ». Car là est toute son originalité : l’édifice peut en effet effectuer des rotations sur lui-même afin de s’adapter à ces différents modes de présentation. Il suffit de quatre grues et d’un laps de temps qui va, selon les conditions météo, de quarante minutes à une heure pour bouleverser complètement la silhouette de l’édifice et donc l’espace intérieur. Le sol devient mur, le mur devient plafond et ainsi de suite. Selon sa configuration, la surface intérieure passe ainsi de 225 mètres carrés – version croix – à 385 mètres carrés – version hexagone. Ce pavillon transformiste est éphémère : il ne restera en place que cinq mois.
Pourquoi Séoul ? « Parce que nous y avons trouvé des gens très sophistiqués, artistes, collectionneurs et autres, qui montrent un grand intérêt pour la mode, le cinéma et l’art contemporain », explique Tomaso Galli. Des sponsors aussi, comme la firme automobile Hyundai, le promoteur immobilier Red Resource et la firme électronique LG, laquelle produit notamment le Prada Phone. Coût de l’opération : top secret. Au Pays du matin calme, dévoiler des chiffres n’augure pas, semble-t-il, un très bon Feng Shui.

« Waist Down, Skirts by Miuccia Prada », jusqu’au 24 mai, exposition rassemblant des jupes emblématiques de la marque, depuis le premier défilé jusqu’aujourd’hui. Suivront, du 26 juin au 12 juillet, un festival de cinéma intitulé « Flesh, Mind and Soul », et, à partir de fin juillet, « Turn into Me », exposition de l’artiste Nathalie Djurberg. Prada Transformer, 1-126, Sinmunno-2ga, Jongno-Gu, Séoul. Rens. www.pradatransformer.co.kr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°302 du 2 mai 2009, avec le titre suivant : Le pavillon transformiste de la Fondation Prada

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