Archéologie

Tanagras et vases grecs

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2009 - 724 mots

La collection Bellon d’antiques réapparaît à Vannes, plus d’un siècle après la disparition du collectionneur.

VANNES - Le 4 avril, Vannes (Morbihan) va devenir le centre mondial du marché de l’archéologie. En effet, une partie de la collection Louis Gabriel Bellon (1819-1899), constituée au XIXe siècle, a resurgi en Bretagne, chez des descendants de cet amateur d’antiques, un des premiers à s’être passionné pour les statuettes grecques en terre cuite de la ville de Tanagra. « Son immense collection était la plus importante en France. Une partie a été montrée lors de la célèbre exposition rétrospective au Trocadéro en 1878, puis à Rouen en 1884 », commente l’expert Christophe Kunicki. Outre un ensemble composé de près de 200 tanagras, ce dernier a aussi découvert dans des caisses poussiéreuses qui n’avaient pas été ouvertes depuis plusieurs décennies de rares vases grecques et verres antiques. Soit 373 lots qui sont les vestiges d’un ensemble bien plus vaste à l’origine. Or beaucoup de précieuses pièces de Bellon – regroupées par son fils dans un musée à Saint-Nicolas-lez-Arras (Pas-de-Calais), où le collectionneur avait découvert des nécropoles gallo-romaines et mérovingiennes – ont été détruites par des bombardements en 1914-1915. Une autre partie de cette collection serait conservée dans une branche familiale distincte.

Vraies et fausses tanagras
Les objets offerts à Vannes, sans prix de réserve, ont été estimés très modestement. L’attrait pour cette collection du XIXe fera facilement doubler la mise. Aujourd’hui, grâce à Internet, les collectionneurs internationaux ne manquent plus ce genre d’opportunités lorsqu’elles se présentent dans des hôtels de ventes de province.
La vente s’ouvre sur les vases grecs dont un très rare guttus de type théière attribué au « Peintre de Palerme », grand artiste lucanien du Ve siècle avant J.-C. Un objet très bien conservé et estimé 10 000 euros. « On ne connaît que cinq pièces de cette forme-là », précise l’expert. Estimé 20 000 euros, un exceptionnel canthare à figures noires, orné d’une frise continue sur fond blanc à scène de comastes (satyres buveurs), est une pièce quasi unique. Le seul autre canthare connu de cette forme serait conservé dans la réserve d’un musée grec. Notons encore un mug à décor d’une scène représentant un jeune peltaste combattant une panthère par le « Peintre de Berlin » ; rare par son fond blanc, il est estimé 6 000 euros.
Les tanagras constituent la section la plus importante de la vacation. Deux intéressantes pièces archaïques de la fin du VIe-début du Ve siècle avant J.-C., estimées 5 000 et 3 000 euros, montrent une scène très réaliste d’une boulangère au fourneau, rappelant un modèle conservé au Musée du Louvre, et une joueuse de balle, « sujet rare à une époque où sont principalement représentées des scènes de la vie domestique », indique Christophe Kunicki. Les tanagras classiques sont illustrées par de séduisants modèles de femmes drapées du IVe siècle avant J.-C., estimées 4 000 euros chacune, soit beaucoup moins que les pièces similaires exposées sur quelques stands lors de la dernière Tefaf Maastricht. Soulignons la présence en fin de catalogue d’une trentaine de fausses tanagras « dans le goût de l’antique », estimées 50 à 400 euros l’unité. « Ces contrefaçons, souvent reconnaissables par leur style très baroque, ont été fabriquées à la fin du XIXe siècle lorsque les tanagras deviennent très prisées des collectionneurs d’antiques. Une jolie tanagra valait à cette époque jusqu’à 7 000 francs-or, soit l’équivalent d’une commande d’État auprès d’un sculpteur !, rapporte l’expert. Ces fausses tanagras font aujourd’hui partie de l’histoire des collections au XIXe siècle. »
Enfin, les verres antiques sont à l’honneur. Estimé 8 000 euros, une rare amphorisque italienne du Ier siècle, en verre bleu, haute de 12,5 cm, superbement conservée, étonne par sa modernité. Signalons encore plusieurs verres gallo-romains du Ier-IIer siècle dont une amphore (H. 38,5 cm), vert clair, trouvée au Vieil-Âtre (Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais), estimée 6 000 euros, ainsi que cinq verres mérovingiens du VIe siècle.

Les antiques de Louis Gabriel Bellon (1819-1899), vente le 4 avril à la ZAC du Ténénio, 8, rue du Docteur-Joseph-Audic, 56000 Vannes, SVV Ruellan, tél. 02 97 47 26 32 ; exposition publique : le 2 avril 16h-19h, le 3 avril 9h-12h et 14h-19h, et le 4 avril 9h-11h, www.svvruellan.com et www.kunicki.eu

ANTIQUES DE BELLON
Expert : Christophe Kunicki
Estimation : 400 000 euros
Nombre de lots : 373

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°300 du 3 avril 2009, avec le titre suivant : Tanagras et vases grecs

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque