Christie’s et la mondialisation

Investissements en Argentine, licenciements à Londres et à New York

Le Journal des Arts

Le 30 janvier 1998 - 551 mots

Tandis que Christie’s licencie à Londres et à New York – rendant ainsi plus alléchante encore la tentative d’OPA de la SBC Warburg Dillon Read –, elle investit en Argentine dans une prestigieuse maison de vente.

NEW YORK et LONDRES (de notre correspondante) - Christie’s va licencier 60 membres de son personnel à Londres et aux États-Unis, soit 3 % de ses 1 900 employés dans le monde. “Ces licenciements touchent principalement le personnel administratif et ne concernent aucun de nos experts confirmés à Londres”, a déclaré un porte-parole de la maison de vente. Pour l’auctioneer, ces réductions de personnel sont incluses dans la stratégie de la maison visant à contrôler ses coûts structurels. Une déclaration officielle précise qu’“au cours des mois écoulés, Christie’s Inter­national avait analysé en détail l’ensemble de ses opérations afin de s’assurer un meilleur rendement dans un certain nombre de secteurs, y compris le contrôle des coûts, la structure de l’organisation et le dégagement de bénéfices. Cette étude fait partie des plans de développement à long terme de Christie’s pour l’orientation de sa stratégie future et la mise en valeur de ses opérations internationales.” Toute réduction de ses frais de fonctionnement rendrait l’entreprise d’autant plus alléchante pour la banque d’investissement SBC Warburg Dillon Read, qui a lancé sur Christie’s une OPA de 500 millions de livres sterling (5 milliards de francs) en décembre.

Une politique d’investissement
Autre versant de la stratégie de Christie’s : l’acquisition d’une participation minoritaire dans la maison de vente la plus prestigieuse d’Argentine, J.C. Naón y Cia, à Buenos Aires “Cet investissement représente un engagement à long terme pour construire le marché de l’art en Amérique latine. Nous anticipons le fait que, dans les années à venir, l’Amérique du Sud deviendra une destination importante pour tous les grands collectionneurs du monde entier”, a déclaré Christopher Davidge, l’un des directeurs de Christie’s.

Pour Patricia G. Hambrecht, présidente de Christie’s Inc. à New York,“il existe une relation directe entre le développement du marché et la levée des lois restrictives sur l’importation et l’exportation. Tant que ces lois seront aussi contraignantes en Amérique du Sud, nous ne serons pas tentés d’investir davantage, ni d’ouvrir ici une salle des ventes. Mais l’Argentine a déjà montré la voie en adoptant une législation qui encourage la libre circulation des œuvres d’art, et nous espérons que les autres pays du Mercosur (l’association de libre-échange unissant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay) suivront.”

Les taxes d’importation et d’exportation sont très élevées au Chili et au Brésil, qui ont des lois patrimoniales draconiennes. En Argentine, les taxes d’importation sur les tableaux ont été ramenées à 10,5 % en avril dernier. Elles demeurent cependant de 41 % sur le mobilier et l’argenterie.

Christie’s n’a pas révélé l’étendue de sa prise de participation, ni annoncé ses intentions envers J.C. Naón y Cia. Envisage-t-elle à terme d’acquérir la totalité de  cette affaire de famille fondée en 1903 ? Naón vend essentiellement de l’argenterie, du mobilier, des porcelaines, des maîtres anciens et des tableaux du XIXe siècle. Elle ne traite pour l’instant ni l’art contemporain d’Amérique latine, ni l’art européen du XXe siècle, ni la joaillerie, les estampes ou les photographies. Christie’s continuera donc de vendre l’art sud-américain à New York, mais elle n’écarte pas la possibilité d’étendre la gamme de ses opérations à Buenos Aires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°53 du 30 janvier 1998, avec le titre suivant : Christie’s et la mondialisation

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