Art contemporain et d’après-guerre

Les tribulations de Jeff Koons

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2009 - 538 mots

Les dernières ventes londoniennes montrent que les estimations sont encore trop élevées.

LONDRES - Les ventes d’art contemporain qui se sont tenues les 11 et 12 février à Londres chez Phillips de Pury et Christie’s n’ont pas tenu leurs promesses, dans un marché nettement fragilisé. Pourtant, le 5 février, Sotheby’s avait admirablement tiré son épingle du jeu, en cédant 25 des 27 lots proposés lors de la vacation du soir, pour 17,8 millions de livres sterling (20,3 millions d’euros), soit 90,7 % en valeur. La maison de ventes avait été particulièrement sélective sur le choix des pièces, notamment Stacked, une très belle sculpture de Jeff Koons, vendue 2,8 millions de livres sterling, dans son estimation, soit seize fois son prix de vente publique de 1997 à New York chez Sotheby’s. Pour Concetto Spaziale (1961) de Lucio Fontana, adjugée 4,4 millions de livres sterling, Sotheby’s a su s’adapter, en revoyant à la baisse l’estimation de 5 à 7 millions de livres sterling.

Un Bacon invendu
Les choses ont été plus difficiles chez Christie’s. Son tableau vedette, Man in Blue VI (1954) par Francis Bacon, proposé pour la première fois aux enchères après avoir été conservée près de 40 ans chez un collectionneur, n’a pas trouvé preneur, sur une estimation basse de 4 millions de livres sterling. Quant à la toile Monkeys (Ladder) (2003) de Koons figurant en couverture du catalogue, estimée 1,4 à 2 millions de livres sterling, elle a été sauvée par un achat de la galerie Gagosian (Londres) pour 1,3 million de livres sterling. La moitié des œuvres adjugées est partie en dessous de l’estimation basse, tel Combustione plastica (1956) d’Alberto Burri, le troisième prix de la vente à 825 250 livres sterling. Au final, avec un peu plus de 8 millions de livres sterling de chiffre d’affaires, la vente de Christie’s a à peine dépassé la moitié de son estimation basse. Tout en se consolant d’avoir vendu 79 % des lots offerts, l’auctioneer devra revoir ses estimations pour la prochaine session.
Phillips de Pury n’a pas fait mieux le lendemain. La maison de vente attendait un minimum de 7 millions de livres sterling de recettes. Elle a fait 4 millions. 18 des 53 lots n’ont pas été vendus, à commencer par la pièce phare, l’installation Five encased rows (1983-1993) de Koons. Estimée 1,8 à 2,2 millions d’euros, cette pièce unique affichait un prix rédhibitoire hors période d’euphorie. Notons qu’un ensemble d’œuvres de la collection Thyssen-Bornemisza, mis en vente au profit de la mise en valeur de l’art contemporain en Islande, a réalisé de beaux résultats. Cet ensemble incluait Unspoken (Silver & Gold) (2001), diptyque vidéo de Bill Viola, emporté pour 144 000 livres sterling, au double de son estimation.

CHRISTIE’S, 11 février
Estimation : 15 à 21 millions de livres (16 à 22,6 millions d’euros)
Résultats : 8,4 millions de livres sterling (9,4 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 23/6
Lots vendus : 79 %
Pourcentage en valeur : 51 %

PHILLIPS DE PURY, 12 février
Résultats : 4,2 millions de livres sterling (4,7 millions d’euros)
Estimation : 7 à 9 millions de livres (7,5 à 9,7 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 35/18
Lots vendus : 66 %
Pourcentage en valeur : 59 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°298 du 6 mars 2009, avec le titre suivant : Les tribulations de Jeff Koons

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