Kandinsky retrouve son premier musée de région

Nantes offre une rétrospective d’une centaine d’œuvres

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 30 janvier 1998 - 549 mots

L’événement cet hiver, à Nantes, est sans conteste la rétrospective que consacre à Vassili Kandinsky le Musée des beaux-arts. Une centaine de toiles du maître de l’avant-garde venant du Centre Georges Pompidou à Paris rejoignent l’important fonds d’œuvres de l’artiste conservé par le musée.

NANTES - Le Musée des beaux-arts de Nantes a été le premier, en province, à posséder et exposer une œuvre de Vassili Kandinsky. En 1958, Gildas Fardel lui a en effet donné Herunter (Vers le bas, 1929), un tableau de la période du Bauhaus. Depuis 1987, cette peinture est accrochée dans une salle du musée en compagnie de dix autres œuvres  datant de la même époque et mises en dépôt par le Musée national d’art moderne (Mnam). Aussi était-il tout naturel que dans le cadre de la présentation des collections du Centre Georges Pompidou “hors les murs”, Nantes accueille une  monographie conçue en collaboration avec le Mnam. Ce dernier conserve un important fonds Kandinsky constitué principalement grâce aux donations de sa veuve, Nina, en 1966 et 1975, et à son legs de 1980.

Le peintre et sa femme étaient en effet venus s’installer en France en décembre 1933, après l’arrivée au pouvoir du parti national socialiste et la fermeture définitive du Bauhaus de Berlin par la Gestapo. Les époux Kandinsky, qui résidaient au 135 boulevard de la Seine (aujourd’hui boulevard du Général-Koenig), à Neuilly-sur-Seine, ont obtenu la nationalité française en 1939. Vassili Kandinsky a vécu à Neuilly jusqu’à son décès à l’âge de soixante-dix-huit ans, le 13 décembre 1944.

L’exposition réunit cent-dix d’œuvres, peintures, aquarelles, dessins, gravures et des documents qui offrent un panorama de la production du peintre, depuis ses débuts à Munich jusqu’à ses dernières toiles. Né à Moscou en 1866, Kandinsky fait d’abord son droit avant de s’intéresser tardivement à la peinture. Il franchit le pas en 1896, à l’âge de 30 ans, quand, refusant un poste à l’université de Dorpat (Tartu, Estonie), il préfère s’installer à Munich et étudier à l’école d’Anton Azbé, puis, à partir de 1900, dans la classe de Franz von Stuck. À Murnau, en Bavière, où sa compagne Gabriele Münter a acheté une maison, il se tourne peu à peu vers l’abstraction, sa première aquarelle abstraite (coll. Mnam) étant souvent datée de 1910. Pendant la Première Guerre mondiale, l’artiste retourne en Russie et crée l’Académie des sciences artistiques de la nouvelle URSS. Il revient cependant en Allemagne en 1922 pour devenir professeur au Bauhaus de Weimar, aux côtés de Paul Klee. Son œuvre évolue alors, marquée par ce qu’il nomme lui-même un “géométrisme lyrique”. Il développe une approche analytique de l’art, mettant en place dans le même temps un cours sur les éléments fondamentaux de la peinture. Ses théories, largement publiées dans la revue de l’école, les Bauhaus-Bücher, sont à l’origine de son ouvrage de 1926, Point, ligne, plan. Outre le Kandinsky chercheur, l’exposition nantaise tente également de montrer les nombreux rapports qu’il a entretenus avec la littérature, la musique et la danse, notamment avec la création d’un spectacle par la compagnie de Claude Brumachon.

KANDINSKY, COLLECTION DU MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE, 31 janvier-17 mai, Musée des beaux-arts de Nantes, 10 rue Georges-Clemenceau, 44000 Nantes, tél. 02 40 41 65 65, tlj sauf mardi et jours fériés 10h-18h, vendredi 10h-21h, dimanche 11h-18h. Catalogue 166 p., 220 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°53 du 30 janvier 1998, avec le titre suivant : Kandinsky retrouve son premier musée de région

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