Collection MAMVP : un pavé dans la mare

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 17 février 2009 - 533 mots

Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris publie le premier catalogue de ses collections, réalisé sous la direction de Suzanne Pagé.

C’est un pavé de près de 600 pages, à la mesure de la politique d’acquisition menée par l’institution depuis plusieurs décennies : le Musée d’art moderne de la Ville de Paris publie pour la première fois un catalogue, qui vient compléter et approfondir les guides déjà parus. L’ouvrage permet aussi de faire le point sur les acquisitions effectuées au cours de ces vingt dernières années, lorsque le musée était piloté par Suzanne Pagé, qui a d’ailleurs assuré la direction du présent catalogue.
Ouvert tardivement, en 1961, le musée doit son existence au legs déterminant du docteur Girardin constitué d’œuvres fauves et cubistes, mais aussi d’une belle collection de Georges Rouault, un don qui est venue rejoindre des tableaux de Matisse, Léger, Bonnard, Delaunnay acquis par la Ville dès 1937. L’enrichissement se fera ensuite avec les moyens du bord, comme le rappelle l’actuelle directrice artistique de la Fondation Louis-Vuitton dans un entretien publié dans l’ouvrage : « Pour mener une politique volontariste, il faut pouvoir s’appuyer sur un budget assuré et de préférence pluriannuel – ce qui n’a jamais été le cas. Le budget a été irrégulier, souvent modeste, et nous n’en connaissions pas à  l’avance le montant en janvier pour l’année – cela interdisant une stratégie rationnelle, surtout dans un contexte follement concurrentiel, qui ne permet pas de “réserver” les œuvres. » Les prix des pièces historiques s’étant envolés, la collection s’est considérablement étoffée surtout dans le domaine de l’art des années 1960 à aujourd’hui. D’importants dons comme ceux consentis par Aube Elléouët, fille d’André Breton, ont néanmoins permis par exemple la constitution d’un ensemble autour du surréalisme. Un grand nombre de pièces contemporaines font écho à des expositions organisées notamment par le « laboratoire » du musée, le département de l’ARC (Animation-Recherche-Confrontation) créé dès 1966. « Nous sommes parvenus à acquérir parallèlement de grands créateurs européens », poursuit Suzanne Pagé, et de citer des « Britanniques (Gilbert & George…), Suisses (Peter Fischli & David Weiss, John Armleder…), Allemands (Sigmar Polke, Georg Baselitz, Thomas Schütte, Hans-Peter Feldmann, Thomas Struth…), Belges (Panamarenko, Jan Vercruysse), Autrichiens (Herbert Brandl…), toutes œuvres obtenues de façon tactique et privilégiée dans le cadre des expositions de l’ARC et au musée. C’est un mode qu’[elle a] toujours prisé, car il permet de tester les œuvres et de négocier idéalement avec les artistes ».
Le point fort de la collection est pourtant indéniablement son fonds de pièces d’artistes actifs en France, de Jean-Marc Bustamante, Daniel Buren, Christian Boltanski à Annette Messager, Dominique Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, Sarkis, Patrick Tosani ou Claude Lévêque. Classés par ordre alphabétique, les artistes bénéficient dans l’ouvrage d’une notice accompagnée d’images. Le tout est complété par des entrées thématiques, à l’exemple de « Fluxus », du « Mobilier », des « Objets d’art » ou de la « Vidéo ». Enfin, une chronologie retrace l’ensemble des expositions organisées au musée et à l’Arc entre 1962 et 2006. Un ensemble éloquent.

La collection du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, sous la direction de Suzanne Pagé, éd. Paris-Musées, 592 p., 50 euros, ISBN 978-2-879008-88-2.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°297 du 20 février 2009, avec le titre suivant : Collection MAMVP : un pavé dans la mare

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