Restitutions

La Russie dénonce l’URSS

Le Journal des Arts

Le 17 février 2009 - 502 mots

Le président Medvedev a stigmatisé la politique soviétique de revente d’œuvres d’art spoliées .

MOSCOU - Le président russe Dmitri Medvedev a critiqué le gouvernement soviétique pour avoir vendu des œuvres d’art spoliées pendant les années 1920 et 1930. Il a également appelé de ses vœux la mise en œuvre de tous les efforts nécessaires pour assurer le retour des pièces dont un grand nombre est échu aux musées occidentaux. « La décision irréfléchie du gouvernement [soviétique] doit être condamnée, et elle était, dans certains cas, criminelle », a-t-il déclaré le 12 janvier lors d’une rencontre avec le ministre de la Culture russe, Alexandre Avdeev. C’est la première fois qu’un dirigeant russe aborde ouvertement le sujet épineux de ces ventes qui ont suivi la révolution d’Octobre. Après avoir pris le pouvoir en novembre 1917, le parti bolchevique a ordonné la nationalisation des biens privés, parmi lesquels des œuvres d’art provenant de collections aristocratiques et de lieux de culte. Si certaines des œuvres confisquées ont été détruites, la plupart ont été redirigées vers des musées comme l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Examen des contrats de vente
Vers la fin des années 1920, le gouvernement a entrepris de vendre des œuvres à des collectionneurs étrangers pour assurer le développement économique du pays. Parmi les tableaux revendus figuraient des œuvres de Botticelli, Raphaël, Rembrandt, Rubens, Titien, Van Eyck et Watteau. Le magnat arménien du pétrole Calouste Gulbenkian s’est, par exemple, porté acquéreur de plusieurs œuvres aujourd’hui présentes dans les collections du musée qui porte son nom à Lisbonne. Le gouvernement britannique a pour sa part acheté le Codex Sinaiticus, le plus vieil exemplaire de la Bible, datant du IVe siècle, qui se trouve ainsi à la British Library. Une vingtaine d’œuvres parmi lesquelles l’Alba Madonna (1511) de Raphaël ont même contribué à la création de la National Gallery of Art de Washington, D.C.
D’après une source du Kremlin, le pays n’a pas l’intention d’exercer des pressions sur les collectionneurs et les musées occidentaux pour récupérer des œuvres : « Nous agirons de manière civilisée, et nous n’allons rien demander en retour. » Néanmoins, « s’il s’avère que certains documents n’ont pas été correctement remplis, en respect de la loi de l’époque, alors la légalité d’une vente pourrait être remise en question ». La Russie pourrait ainsi invoquer un vice de procédure pour déclarer illégale une vente, même si les experts occidentaux estiment que ces ventes étaient légales et ne peuvent être contestées. « Comme la vente était légale, nous ne nous attendons à aucune réclamation », a confié Deborah Ziska, responsable des relations avec la presse à la National Gallery of Art de Washington, ajoutant que, « en 1930-1931, Antiquariat, une agence gouvernementale soviétique qui agissait pour le compte de l’URSS, a vendu vingt et un tableaux à Andrew W. Mellon par l’entremise d’une association de marchands occidentaux ». En 1936, Mellon a fait don de sa collection au peuple américain, entraînant ainsi la création de la National Gallery of Art, laquelle a ouvert ses portes en 1941.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°297 du 20 février 2009, avec le titre suivant : La Russie dénonce l’URSS

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